Les mutilations génitales féminines (MGF)

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Ce document concerne la pratique des mutilations génitales féminines (MGF) au Nigeria. C’est une mise à jour du COI Focus du 12 octobre 2015. Deux-tiers des filles excisées dans le monde proviennent de quatre pays : l’Egypte, l’Ethiopie, le Soudan et le Nigeria, pays le plus peuplé d’Afrique (178,5 millions d'habitants en 2014). Avec vingt millions de filles excisées, le Nigeria est le pays qui abrite le plus grand nombre absolu de résidentes qui ont subi une MGF.

La précédente recherche s’appuyait sur les données chiffrées de l’étude Demographic and Health Survey, réalisée en 2013 et appelée dans ce rapport DHS 2013. Pour cette mise à jour, le Cedoca se base sur les données de la Multiple Indicator Cluster Survey 2016-17 , appelée MICS 2017 et publiée en février 2018.

Selon cette étude, un peu moins d’une femme sur cinq (18,4 %) âgée de 15 à 49 ans a subi une MGF au Nigeria. Les filles de zéro à quatorze ans sont un peu plus d’une sur quatre (25,3 %) à avoir subi une MGF selon cette même étude.

Parmi ces femmes et filles excisées, l’excision avec parties de chair enlevées est la plus fréquente. La MGF se déroule souvent à un très jeune âge de l’enfant. Très peu de réexcisions ou de réinfibulations sont pratiquées.

Les femmes excisées proviennent principalement du sud du pays, particulièrement des States Osun, Ebonyi Ekiti, Imo, Oyo et Kwara.

Plus les ménages sont classés dans les quintiles de bien-être économique riches, plus les femmes de ces ménages ont subi une excision. A contrario, les filles des ménages du quintile le plus pauvre sont 43 % à être excisées, alors qu’elles sont 14,4 % dans les ménages les plus riches.

Les parents optent donc pour une MGF afin de prévenir la promiscuité sexuelle et l’infidélité, d’assurer la fertilité et un mariage, de faciliter les naissances, de prévenir la mortalité néonatale, de respecter les standards culturels relatifs à « l’apparence » des organes génitaux féminins. D’autres ont le vif désir de respecter les traditions et cultures transmises par les ancêtres ou de se conformer aux normes sociales dans lesquelles ils évoluent.

La décision de procéder à une excision est prise par les parents de la fille, le père ayant le dernier mot, malgré le fait qu’il soit écarté de l’opération et du processus de cicatrisation. Parfois, le père laisse la mère décider seule, estimant qu’elle a plus de connaissance à propos de ce sujet. Une étude du Population Council a également remarqué que les grands-mères pouvaient être très influentes dans cette prise de décision.

Les excisions sont souvent pratiquées par des exciseuses traditionnelles, plus rarement par des professionnels de la santé.

Les indices d’égalité de genre développés par des organismes internationaux situent le Nigeria à un très faible niveau, ce qui implique de nombreuses discriminations envers les femmes.

Le sujet de l’excision s’avère être un sujet intime et le fait qu’une fille ou une femme soit excisée ou non n’est pas un statut indubitablement connu par d’autres personnes. Les sources consultées par le Cedoca ne constatent pas de répercussions (physiques ou sociales) majeures envers des parents qui ne souhaitent pas exciser leur fille.

L’Etat du Nigeria a ratifié de nombreux traités internationaux condamnant la violence des MGF. Au travers de différents ministères, il lance ou appuie des programmes de lutte contre les MGF. Le « Violence Against Persons (Prohibition) Act » (VAPP Act), signé en mai 2015, interdit entre autres les MGF. Dans un premier temps, cet Act n’est valable que dans le Federal Capital Territory. Pour qu’il soit applicable dans les autres States, il doit être adopté par les assemblées législatives de ceux-ci.

Par ailleurs, douze States disposent d’une législation spécifique qui interdit les MGF.

La Nigeria Police Force (NPF) est l’organe principal qui s’occupe de l’application de la loi au Nigeria. Le Nigeria dispose également d’un système judiciaire avec un double degré de juridiction mais seule la Haute cour du Federal Capital Territory Abuja a la compétence d’entendre et d’appliquer le prescrit du VAPP Act.

Les sources consultées par le Cedoca affirment qu’aucune condamnation n’a été prononcée contre un acteur de MGF. Des difficultés se présentent dès lors qu’il s’agit de l’accès à la justice pour les femmes, de pratiques culturelles, ou encore de faits se déroulant en milieu rural.

Les principaux acteurs des sensibilisations contre les MGF sont l’Etat (dont diverses hautes personnalités qui prennent position ouvertement contre les MGF) et les ONG. Le Population Council constate toutefois que les résultats de ces sensibilisations et actions sont minimes.

Certains hôpitaux disposent de personnel qualifié lorsqu’il s’agit d’apporter un suivi médical à une MGF. Le Population Council réalise actuellement une étude sur ce sujet mais ne dispose pas encore de données précises à partager. Un suivi psychologique est culturellement moins envisagé.

Policy

La politique définie par le commissaire général se fonde sur une analyse approfondie d’informations récentes et détaillées sur la situation générale dans le pays. Ces informations ont été recueillies de manière professionnelle auprès de diverses sources objectives, dont le Bureau européen d’appui en matière d’asile, le Haut-Commissariat aux réfugiés des Nations unies, des organisations internationales de défense des droits de l’homme, des organisations non gouvernementales, ainsi que la littérature spécialisée et les médias. Pour définir sa politique, le commissaire général ne se fonde donc pas exclusivement sur les COI Focus publiés sur le site du CGRA, qui ne traitent que de certains aspects particuliers de la situation du pays. Le fait qu’un COI Focus date d’un certain temps déjà ne signifie donc pas que la politique menée par le commissaire général ne soit plus d’actualité.

Pour examiner une demande d’asile, le commissaire général tient non seulement compte de la situation objective dans le pays d’origine à la date de la décision mais également de la situation individuelle et des circonstances personnelles du demandeur. Chaque demande d’asile est examinée au cas par cas. Le demandeur d’asile doit montrer de manière suffisamment concrète qu’il éprouve une crainte fondée de persécution ou court un risque réel d’atteintes graves. Il ne peut donc se contenter de renvoyer à la situation générale dans son pays mais doit également présenter des faits concrets et crédibles le concernant personnellement.

Pour ce pays, il n’y a pas une note de politique de traitement disponible sur le site web.

Land: 
Nigeria