En 2022, le CGRA a accueilli 128 nouveaux collaborateurs, dont 94 OP. Pour se préparer à leur nouvelle fonction, les OP suivent une formation théorique intensive de six semaines suivie d’une formation pratique sur le tas et de leur intégration. Lors de cette première période de six semaines, ils se familiarisent avec le cadre juridique, suivent des formations sur les pays qu’ils seront amenés à traiter et apprennent des techniques d’interview. La formation sur l’inclusion est toujours donnée en premier, avec explication des principes de base. La motivation des décisions et la manière de traiter les dossiers qui contiennent des éléments liés au genre reçoivent également l’attention nécessaire.
L’arrivée d’un grand nombre de nouveaux collaborateurs exerce une pression non négligeable sur les OP et superviseurs déjà présents. Le temps passé à former de nouveaux collègues ne peut être consacré au traitement des dossiers. Une réflexion a donc été lancée en 2022 afin de créer au sein du CGRA une structure de formation spécifique pour les nouveaux collaborateurs. Cet exercice débouchera en 2023 sur la création d’une cellule Formation.
4.1. Interview: Propos d’un formateur
Lennert nous en dit plus sur son rôle de formateur et sur les aptitudes qui font un bon OP.
Concrètement, quel est le contenu de la formation sur l’inclusion ?
Pendant la formation sur l’inclusion, la notion juridique de protection internationale est abordée et les critères utilisés pour accorder le statut de réfugié ou de protection subsidiaire sont explicités. Les nouveaux OP suivent d’abord un module de formation en ligne qui a été élaboré par l’EUAA (Agence de l’Union européenne pour l’asile). Les formateurs ont accès aux résultats. Il ne s’agit pas d’effectuer un contrôle, mais ces résultats fonctionnent comme une sorte de baromètre pour nous. Lorsqu’on constate qu’une majorité d’étudiants obtient des scores plus faibles sur certains sujets, on pourra y consacrer plus de temps. Après la partie théorique, une réunion physique a lieu pour revoir rapidement la théorie avant de passer à des exercices en petits groupes. Je constate à chaque fois que le fait de faire des exercices dans un cadre sécurisant apporte un certain calme aux nouveaux OP.
Comment es-tu devenu formateur ?
Je me suis rendu compte que j’aimais bien répondre aux questions posées par de nouveaux collègues et qu’ils n’avaient pas peur de m’approcher. Il y a cinq ans, quand j’ai suivi la formation sur l’inclusion, c’était une expérience à la fois intense et agréable. Lorsqu’un appel à candidatures a été lancé en interne, je n’ai pas hésité longtemps.
Faut-il suivre une formation spécifique pour devenir formateur ?
Il faut tout d’abord suivre de nouveau la formation de base. Comme celle-ci est organisée par l’EUAA, vous vous retrouvez avec des collègues d’autres pays. Vous apprenez énormément de choses grâce à ce contexte international. Vous suivez ensuite une formation à la didactique et devez donner un cours en guise de test.
« Tout d’abord, il faut être curieux et avide d’apprendre. La situation dans les pays d’origine évolue constamment. »
—Lennert
Comment combines-tu ton travail d’OP avec ton rôle de formateur ?
L’atmosphère au CGRA est très collégiale, ce qui peut servir pour demander à un collègue de reprendre une tâche en cas d’urgence. Les formateurs sont presque tous des OP, ce qui est une bonne chose, selon moi. Nous sommes au contact de la réalité. J’essaie toujours d’intégrer de nombreux exemples concrets dans la formation. Inversement, il m’est très utile d’avoir à me rappeler constamment les principes de base et de recevoir des idées de la part de nouveaux collègues.
Qu’est-ce qui te plaît le plus dans ta fonction de formateur ?
Pour moi, le fait de se tenir devant un groupe m’a sorti un peu de ma zone de confort et ça m’a vraiment permis de me développer sur ce plan-là. C’est passionnant de transmettre à de nouveaux collègues les connaissances acquises au fil des ans. L’inclusion est un sujet qui touche à des notions très abstraites, que je tente d’analyser avec les nouveaux OP à l’aide de ma propre expérience de travail.
Quelles sont les aptitudes indispensables pour un bon officier de protection ?
Tout d’abord, il faut être curieux et avide d’apprendre. La situation dans les pays d’origine est en évolution constante. Pour un OP, il est indispensable de se tenir au courant. Le CGRA dispose également d’un centre de recherche (le Cedoca) pour vous assister, mais l’OP doit lui-même faire l’effort de suivre l’actualité des pays qu’il traite. Dans l’énorme quantité d’informations qui vous parviennent, il est important de savoir distinguer l’essentiel de l’accessoire. Vous devez également pouvoir faire face à des imprévus. L’entretien personnel ne se déroule pas toujours comme prévu et il est important de garder son calme et de pouvoir changer d’approche. J’incite également les nouveaux OP à utiliser leur esprit critique. Osez poser les questions qu’il faut pour obtenir toutes les informations nécessaires.
Pour conclure, quel est le conseil en or que tu donnerais à un nouvel OP ?
Osez poser des questions aux collègues. Il y a au CGRA des personnes qui disposent d’une énorme expertise et qui la partagent volontiers. Ne croyez pas, en tant qu’OP débutant, que vous avez d’emblée réponse à tout. Comme pour beaucoup de choses dans la vie, ce métier suppose un processus d’apprentissage et le CGRA offre tout l’espace qu’il faut. ●