La situation ethnique

Français

Le présent rapport a été réalisé avec l'aide du Fonds européen pour l'asile, la migration et l'intégration (FAMI). Il s’intéresse à la situation ethnique en république de Guinée, mettant à jour le précédent COI Focus daté du 3 avril 2020.

La recherche pour cette mise à jour a été clôturée le 9 mars 2023.

Le 5 septembre 2021, un coup d’Etat militaire a eu lieu par le Comité national du rassemblement et du développement (CNRD), avec à sa tête le colonel Mamadi Doumbouya. Alpha Condé, le président déchu, effectuait alors un troisième mandat contesté par l’opposition. Après avoir dissout le gouvernement, l’Assemblée et la Constitution, la junte au pouvoir a annoncé une période de transition, toujours en cours au moment de la clôture de ce COI Focus.

D’après les chiffres disponibles, les Peuls représentent 40 % de la population guinéenne, les Malinkés 30 %, les Soussous 20 % et les autres groupes ethniques 10 %. Les Peuls sont majoritaires en Moyenne Guinée, les Malinkés en Haute Guinée et les Soussous en Guinée Maritime. La région forestière compte, quant à elle, diverses ethnies, comme les Kpellés et les Kissis.

Lors des missions effectuées à Conakry en 2019 et en 2022, le Cedoca a pu observer un climat de bonne entente entre les différentes ethnies. Les sources consultées soulignent également l’harmonie qui règne entre les communautés, aussi bien dans les familles que dans les quartiers. Les mariages inter-ethniques en sont une illustration. Le professeur Alpha Amadou Bano Barry, sociologue, explique que les ethnies de Guinée ont une histoire commune et partagent les mêmes valeurs. Les différences sont avant tout d’ordre linguistique et organisationnel.

L’ethnie a été instrumentalisée sous la présidence d’Alpha Condé. Les clivages ethniques entre le parti politique au pouvoir malinké, le Rassemblement du peuple de Guinée (RPG Arc-en-ciel), et le principal parti politique d’opposition, l’Union des forces démocratiques de Guinée (UFDG), à dominance peule, ont alimenté la violence politique dans le pays et fragilisé la cohésion sociale, surtout en période électorale. C’est sur la route Le Prince (aussi appelée l’axe de la démocratie ou du mal), route traversant des quartiers à forte concentration peule dans la commune de Ratoma à Conakry, qu’ont eu lieu la plupart des manifestations de l’opposition et les interventions des forces de l’ordre. Plusieurs témoins rencontrés sur place par le Cedoca en novembre 2019, dans un contexte pré-électoral, ont affirmé que cette zone de Conakry était ciblée par les autorités, lors des contestations. D’après les sources, si le pouvoir en place à l’époque a manipulé les ethnies, l’opposition a joué la carte de la victimisation.

Suite au coup d’Etat du 5 septembre 2021, les nouvelles autorités, avec à leur tête le colonel Mamadi Doumbouya, d’ethnie malinké comme Alpha Condé, ont multiplié les signes d’apaisement envers les différentes communautés et marqué leur volonté de rassembler les Guinéens. Quelques mois plus tard, des tensions sont toutefois réapparues. Les interlocuteurs rencontrés à Conakry, en novembre 2022, affirment que la situation n’a pas vraiment évolué. C’est toujours un Malinké qui est aux commandes du pays et les postes importants sont occupés par des Malinkés également.

La question ethnique reste un sujet sensible en Guinée que les médias abordent avec prudence afin d’éviter les sanctions de la Haute autorité de la communication (HAC). Cette dernière a en effet rappelé aux organes de presse « leur responsabilité sociale » à ce propos. Les représentants d’une radio de grande écoute à Conakry ont affirmé être très « regardants » sur le sujet, vu que la période de transition est sensible. La question ethnique s’est également invitée dans les débats lors du procès du massacre du 28 septembre 2009 (qui a débuté en septembre 2022). Les victimes du massacre sont en effet pour la plupart peules et les militaires au pouvoir à l’époque, dans le box des accusés, sont issus en majorité des ethnies de la Guinée forestière. Le président du tribunal a été obligé de rappeler à l’ordre les parties au procès pour qu’elles ne s’aventurent pas sur le terrain ethnique.

Sur la route Le Prince, les militaires au pouvoir ont dans un premier temps supprimé les Points d’appui (PA), constitués de forces mixtes (police, gendarmerie et armée) et mis en place lors des contestations contre le pouvoir d’Alpha Condé. Mais suite aux manifestations de l’opposition de fin juillet 2022, les autorités ont à nouveau déployé ces PA sur cet axe. Les sources évoquent des opérations de ratissage dans les quartiers, des arrestations de jeunes et une multiplication de l’usage des armes à feu, en période de contestations. Les représentants d’un parti politique rencontré lors de la mission de 2022 ont affirmé qu’il y a une communautarisation de la répression dans les quartiers de Ratoma situés le long de l’axe et principalement habités par des Peuls.

Politique de traitement

La politique définie par le commissaire général se fonde sur une analyse approfondie d’informations récentes et détaillées sur la situation générale dans le pays. Ces informations ont été recueillies de manière professionnelle auprès de diverses sources objectives, dont l’Agence de l’Union européenne pour l’asile (EUAA), le Haut-Commissariat aux réfugiés des Nations unies (HCR), des organisations internationales de défense des droits de l’homme, des organisations non gouvernementales, ainsi que la littérature spécialisée et les médias. Pour définir sa politique, le commissaire général ne se fonde donc pas exclusivement sur les COI Focus publiés sur le site du CGRA, qui ne traitent que de certains aspects particuliers de la situation du pays. Le fait qu’un COI Focus date d’un certain temps déjà ne signifie donc pas que la politique menée par le commissaire général ne soit plus d’actualité.

Pour examiner une demande d’asile, le commissaire général tient non seulement compte de la situation objective dans le pays d’origine à la date de la décision mais également de la situation individuelle et des circonstances personnelles du demandeur. Chaque demande d’asile est examinée au cas par cas. Le demandeur d’asile doit montrer de manière suffisamment concrète qu’il éprouve une crainte fondée de persécution ou court un risque réel d’atteintes graves. Il ne peut donc se contenter de renvoyer à la situation générale dans son pays mais doit également présenter des faits concrets et crédibles le concernant personnellement.

Pour ce pays, il n’y a pas une note de politique de traitement disponible sur le site Internet du CGRA.

Land: 
Guinée