Ce rapport dresse un état des lieux de la situation sécuritaire au Burkina Faso. Il s’intéresse particulièrement à la période allant du 8 juillet 2020 au 31 mars 2021, mettant à jour un rapport portant le même titre, publié le 24 août 2020.
Les recherches ont été clôturées le 31 mars 2021.
Le Burkina Faso est la cible des djihadistes du Sahel depuis 2015. La présence de groupes djihadistes et de groupes criminels est liée à l’insécurité qui règne au Mali voisin mais aussi à divers facteurs tels que la pauvreté, l’inefficacité de la lutte contre le terrorisme, l’absence de services publics de base et de choix politiques régissant l’accès aux ressources. Ces groupes armés ont exploité les frustrations des populations fragilisées et trouvé des relais parmi les populations locales pour s’implanter et mener leurs actions. Trois grandes entités djihadistes (Ansarul Islam, l'État islamique dans le Grand Sahara et le Groupe de soutien à l'islam et aux musulmans) se distinguent dans le Sahel mais de nombreuses autres entités à la limite du djihadisme et du banditisme gravitent autour de celles-ci. Alors que les deux principales formations djihadistes ont semblé coexister de manière relativement pacifique pendant des années, elles sont engagées depuis fin 2019 dans une lutte pour le contrôle des trois régions frontalières.
Pour lutter contre l’insécurité, les forces burkinabè ont opté pour une approche militaire, mais l’appareil sécuritaire est désorganisé depuis la chute de Blaise Compaoré en octobre 2014 après 27 ans de règne. Depuis la fin de l’année 2020, des négociations discrètes entre représentants des autorités et de groupes djihadistes ont été amorcées. Des groupes de veille et d’autodéfense regroupant des acteurs locaux et parfois encadrés par les autorités tentent de combler les insuffisances de l’Etat dans le but d’assurer un service minimum en matière de sécurité et de justice. Ces groupes commettent à leur tour des exactions qui procurent du crédit au discours des groupes armés.
Quatre acteurs internationaux mènent des opérations coordonnées au Burkina Faso. Il s’agit d’une intervention militaire française (opération Barkhane), d’une mission de maintien de la paix des Nations unies (MINUSMA), d’une force conjointe régionale (G5 Sahel) et d’une coalition internationale (Coalition pour le Sahel).
Les groupes djihadistes exécutent de nombreux civils, minent des routes, commettent des enlèvements, pillent, interdisent l’accès aux commerces et aux écoles, entravent des évènements tels que des marchés ou des célébrations religieuses et mènent des raids sur des postes de sécurité et, de plus en plus souvent, sur des villages.
Une dynamique ethnique sous-tend la violence et oppose, dans la majorité des cas, des Peuls (souvent des éleveurs perçus comme soutenant les islamistes armés) aux Mossi ou aux Foulsé ou Gourmantché (souvent des cultivateurs perçus comme des soutiens aux forces de sécurité).
De nombreux citoyens ont le sentiment d’être pris en étau entre des islamistes armés qui leur reprochent de collaborer avec les autorités et ces dernières, qui leur adressent la critique inverse. Bien que les représentants de l’Etat ou des employés du secteur de l’éducation ont été particulièrement visés par les islamistes armés au début du conflit, les simples civils sont devenus une cible privilégiée d’après différentes sources. Le nombre de victimes de la violence contre les civils a plus que doublé entre 2018 et 2019, mais cette tendance à la hausse s’est estompée en 2020.
HRW souligne que les actes d’intimidations des islamistes armés visent tous les principaux groupes ethniques présents dans la région du Sahel. Les Peuls font l’objet d’amalgames qui les associent aux projets des djihadistes. Les recherches de HRW démontrent que, depuis 2012, les groupes armés islamistes actifs dans le Sahel axent leur recrutement sur les membres de l’ethnie peule et que la grande majorité des victimes des abus commis par les forces de sécurité ou par les groupes d’autodéfense appartiennent à cette ethnie. Le facteur religieux semble, selon les sources, secondaire dans ce conflit.
La menace terroriste, initialement limitée à la région du nord du Sahel, s’est progressivement étendue à d’autres régions, notamment à l’est. Les régions les plus touchées par la violence sont celles du Sahel, du Centre-Nord, de l’Est et du Nord. La capitale, Ouagadougou, a été touchée par trois attentats d’envergure en 2016, 2017 et 2018 mais aucune attaque n'y a eu lieu depuis lors, tout comme dans les autres grandes villes.
Le Burkina Faso a été confronté à des déplacements internes pour la première fois de son histoire. Fin février 2021, un peu plus de 1.121.000 personnes y sont déplacées, principalement au nord et à l’est.
Politique de traitement
La politique définie par le commissaire général se fonde sur une analyse approfondie d’informations récentes et détaillées sur la situation générale dans le pays. Ces informations ont été recueillies de manière professionnelle auprès de diverses sources objectives, dont le Bureau européen d’appui en matière d’asile, le Haut-Commissariat aux réfugiés des Nations unies, des organisations internationales de défense des droits de l’homme, des organisations non gouvernementales, ainsi que la littérature spécialisée et les médias. Pour définir sa politique, le commissaire général ne se fonde donc pas exclusivement sur les COI Focus publiés sur le site du CGRA, qui ne traitent que de certains aspects particuliers de la situation du pays. Le fait qu’un COI Focus date d’un certain temps déjà ne signifie donc pas que la politique menée par le commissaire général ne soit plus d’actualité.
Pour examiner une demande d’asile, le commissaire général tient non seulement compte de la situation objective dans le pays d’origine à la date de la décision mais également de la situation individuelle et des circonstances personnelles du demandeur. Chaque demande d’asile est examinée au cas par cas. Le demandeur d’asile doit montrer de manière suffisamment concrète qu’il éprouve une crainte fondée de persécution ou court un risque réel d’atteintes graves. Il ne peut donc se contenter de renvoyer à la situation générale dans son pays mais doit également présenter des faits concrets et crédibles le concernant personnellement.
Pour ce pays, il n’y a pas une note de politique de traitement disponible sur le site Internet du CGRA.