Situation sécuritaire

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La présente recherche dresse un état des lieux de la situation sécuritaire au Salvador, mettant à jour le COI Focus daté du 12 octobre 2020.

La recherche documentaire a été clôturée le 14 juin 2022.

L’expulsion des Etats-Unis de milliers de criminels Salvadoriens dans les années 1990 vers le pays, en pleine transition post-conflit, a marqué le début du phénomène des gangs et de leur violence au Salvador.

Une vingtaine d’années d’une politique stricte en matière de sécurité menée par les gouvernements successifs de gauche et de droite n’a pas été en mesure de réduire la capacité criminelle des gangs. Les chiffres relatifs aux homicides ont poursuivi leur baisse lors de l’accession au pouvoir du président Bukele en juin 2019, tandis que ceux relatifs aux disparitions forcées ont augmenté. A la suite d’une série de meurtres imputés aux gangs, l’Etat d’urgence a été décrété le 27 mars 2022 et prolongé à deux reprises pour un mois chaque fois.

Les auteurs de la violence sont d’une part les gangs et d’autre part les forces de sécurité. Les principaux gangs que sont la Mara Salvatrucha, le Barrio 18 Revolucionarios et le Barrio 18 Sureños comptent environ 60.000 membres (ce qui équivaut approximativement à 1 % de la population) et disposent d’un « matelas social » de plus de 400.000 sympathisants. Leur principale activité est l’extorsion mais ils se livrent également à quantité d’autres crimes. Leur fonctionnement est hiérarchisé et obéit à un ensemble de règles. Les forces de sécurité affectées à la lutte antigang sont constituées de policiers et de militaires. Les sources rapportent une perte de confiance du citoyen en ces forces de l’ordre, régulièrement accusées de violations de droits de l’homme, et plus encore depuis l’instauration de l’Etat d’urgence le 27 mars 2022.

Le HCR considère, dans ses lignes directrices de 2016, que la majeure partie de la violence, si pas toute la violence opposant les gangs entre eux et à l’Etat est de nature ciblée. La liste de cibles potentielles de violences établie par le HCR et complétée par le Cedoca sur base des sources consultées comprend : des personnes qui résistent aux gangs et des personnes perçues comme y affiliées ; des personnes susceptibles de subir de l’extorsion ; des jeunes ; des femmes ; des personnes LGBT ; des indigènes et enfin certaines professions (journalistes, défenseurs des droits humains, leaders de communauté, enseignants, (ex-)policiers et (ex-)militaires, juges, procureurs et avocats).

La violence est concentrée dans des quartiers spécifiques - contrôlés par les gangs - de plus de neuf communes sur dix. Leur présence s’étend depuis 2015 aussi à des régions rurales.

La vie quotidienne est impactée par la violence. Les stratégies pour faire face à l’extorsion font partie du quotidien de nombreux Salvadoriens. Leur liberté de mouvement est limitée par la violence. La plupart des établissements scolaires sont affectés par la présence des gangs. Les partis politiques FMLN et l’ARENA leur ont payé de l’argent dans des contextes de négociations. L’accès aux soins de santé pour les personnes précarisées est entravé par la présence des gangs.

Le Salvador compte parmi les pays comptant le plus de déplacements internes en raison de violences. Les chiffres disponibles sont disparates. Selon des organisations internationales et la société civile, les causes sont principalement la violence criminelle. Pour le gouvernement, il s’agit essentiellement de motifs économiques. Pour la MCDF, les profils les plus affectés sont des familles avec adolescents et/ou jeunes et des femmes. Des sources indiquent que les schémas de déplacement interne sont majoritairement intra-urbains (d’un quartier à forte concentration criminelle à un autre), mais s’étendent également en direction des campagnes. Plusieurs sources expliquent que ces déplacements ne constituent pas une solution pérenne. Epaulé par le HCR, l’Etat salvadorien développe une politique en matière de déplacement interne. En janvier 2020, l’Assemblée législative a adopté une loi visant à l’assistance et à la protection des personnes en conditions de déplacement forcé interne. Cependant, les autorités salvadoriennes doivent encore prendre des mesures substantielles pour mettre en œuvre cette loi. La société civile a érigé un réseau d’associations (la MCDF) qui oeuvre pour que l’Etat développe et applique une politique de prévention, d’assistance et de protection des victimes de déplacement forcé.

Selon les sources consultées, l’Etat d’urgence déjà prolongé à deux reprises génère un contexte d’incertitude.

Politique de traitement

La politique définie par le commissaire général se fonde sur une analyse approfondie d’informations récentes et détaillées sur la situation générale dans le pays. Ces informations ont été recueillies de manière professionnelle auprès de diverses sources objectives, dont le Bureau européen d’appui en matière d’asile, le Haut-Commissariat aux réfugiés des Nations unies, des organisations internationales de défense des droits de l’homme, des organisations non gouvernementales, ainsi que la littérature spécialisée et les médias. Pour définir sa politique, le commissaire général ne se fonde donc pas exclusivement sur les COI Focus publiés sur le site du CGRA, qui ne traitent que de certains aspects particuliers de la situation du pays. Le fait qu’un COI Focus date d’un certain temps déjà ne signifie donc pas que la politique menée par le commissaire général ne soit plus d’actualité.

Pour examiner une demande d’asile, le commissaire général tient non seulement compte de la situation objective dans le pays d’origine à la date de la décision mais également de la situation individuelle et des circonstances personnelles du demandeur. Chaque demande d’asile est examinée au cas par cas. Le demandeur d’asile doit montrer de manière suffisamment concrète qu’il éprouve une crainte fondée de persécution ou court un risque réel d’atteintes graves. Il ne peut donc se contenter de renvoyer à la situation générale dans son pays mais doit également présenter des faits concrets et crédibles le concernant personnellement.

Pour ce pays, il n’y a pas une note de politique de traitement disponible sur le site Internet du CGRA.

Land: 
Salvador