L’objectif du présent rapport consiste à dresser un état des lieux de la situation sécuritaire au Burkina Faso. Il porte en particulier sur la période allant du 20 août 2022 au 23 juin 2023, mettant à jour le COI Focus du 6 octobre 2022.
Depuis les premières attaques de groupes djihadistes en 2016 au Burkina Faso, les affrontements avec les forces de sécurité et le nombre de pertes civiles ne cessent d’augmenter. La situation s’est sérieusement détériorée en 2022 et au cours du premier semestre de 2023.
Suite au coup d’Etat du 30 septembre 2022, le régime s’est brutalement durci. La junte au pouvoir a expulsé les 400 soldats des forces spéciales françaises, a décrété une mobilisation générale et a réduit les libertés de presse et d’expression. Il a également arrêté de nombreuses personnes qui ont osé tenir un discours critique à son encontre.
La stratégie du « tout militaire » mise en place par cette junte ne procure pas des résultats tangibles. Les Volontaires pour la défense de la patrie (VDP) jouent un rôle de « pompier pyromane », défendant certaines communes mais attisant surtout les tensions ethniques et les violences des groupes djihadistes.
Les deux principaux groupes djihadistes actifs au Burkina Faso sont l’Etat islamique dans le Grand Sahara (EIGS) et le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (Jamaat Nosrat el-Islam wal-Muslimin, JNIM). Ce dernier est le plus actif.
Durant les douze derniers mois, la violence contre les civils représente toujours la majorité des incidents.
Les groupes djihadistes sont les auteurs de tueries, de pillages, d’enlèvements, de recrutements forcés, d’incendies de biens, de déplacements forcés et ils installent des engins explosifs improvisés (EEI). Ils tentent également d'isoler Ouagadougou, la capitale, des villes secondaires et des pays côtiers et ont placé plusieurs villes sous embargo, privant les habitants de ressources et biens essentiels. Les forces de sécurité et les VDP sont responsables d’arrestations, de détentions et d’exactions arbitraires, de disparitions et d’enlèvements ainsi que de recrutements forcés. Dans ce contexte, les filles et les femmes sont victimes de violences basées sur le genre.
Plusieurs attaques de djihadistes continuent de cibler explicitement les forces de sécurité et les écoles. Les civils, particulièrement ceux habitant dans un village abritant des VDP ou ceux soupçonnés de soutenir les djihadistes, sont devenus une cible depuis 2019 .
Selon les données de l’Armed Conflict Location & Event Data Project (ACLED), du 11 juin 2022 au 9 juin 2023, la région du Sahel a été la plus touchée par l’insécurité (366 victimes) suivie par les régions de l’Est (291 victimes) et du Centre-Nord (257 victimes).
Les besoins humanitaires des populations ont explosé en 2022 et se sont encore accrus en 2023, ce qui ne manque pas d’inquiéter les Nations unies. Selon ses agences, à la fin du mois d’avril 2023, 2,2 millions de personnes étaient en insécurité alimentaire, plus de 6.100 écoles et 345 infrastructures sanitaires étaient fermées.
Politique de traitement
La politique définie par le commissaire général se fonde sur une analyse approfondie d’informations récentes et détaillées sur la situation générale dans le pays. Ces informations ont été recueillies de manière professionnelle auprès de diverses sources objectives, dont l’Agence de l’Union européenne pour l’asile (EUAA), le Haut-Commissariat aux réfugiés des Nations unies (HCR), des organisations internationales de défense des droits de l’homme, des organisations non gouvernementales, ainsi que la littérature spécialisée et les médias. Pour définir sa politique, le commissaire général ne se fonde donc pas exclusivement sur les COI Focus publiés sur le site du CGRA, qui ne traitent que de certains aspects particuliers de la situation du pays. Le fait qu’un COI Focus date d’un certain temps déjà ne signifie donc pas que la politique menée par le commissaire général ne soit plus d’actualité.
Pour examiner une demande d’asile, le commissaire général tient non seulement compte de la situation objective dans le pays d’origine à la date de la décision mais également de la situation individuelle et des circonstances personnelles du demandeur. Chaque demande d’asile est examinée au cas par cas. Le demandeur d’asile doit montrer de manière suffisamment concrète qu’il éprouve une crainte fondée de persécution ou court un risque réel d’atteintes graves. Il ne peut donc se contenter de renvoyer à la situation générale dans son pays mais doit également présenter des faits concrets et crédibles le concernant personnellement.
Pour ce pays, il n’y a pas une note de politique de traitement disponible sur le site Internet du CGRA.