Situation sécuritaire

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L’objectif de la présente recherche consiste à dresser un état des lieux de la situation sécuritaire au Tchad. Elle porte en particulier sur la période allant de janvier 2023 à mai 2024.

Le Tchad est un point de passage entre plusieurs conflagrations dans la région. Le régime, dominé par la dynastie Déby et le groupe ethnique minoritaire zaghawa, profite de l’environnement régional dans lequel plusieurs pays se tournent vers Moscou pour faire monter les enchères auprès de ses partenaires traditionnels tels la France ou les États-Unis. Le Tchad est le dernier allié de la France dans une région vaste et instable.

La sécurité demeure stable, mais des violences sporadiques persistent. Nombre de groupes rebelles ont causé des violences et de l’instabilité au nord du pays, dont le groupe politico-militaire du Front pour l’alternance et la concorde au Tchad (FACT). Ces groupes rebelles tchadiens se sont livrés à des activités mercenaires dans la Libye post-Kadhafi pour financer la rébellion. Suite au cessez-le-feu d’octobre 2020, ils semblent avoir consolidé leur emprise sur les économies liées au trafic, notamment autour des mines d’or. Ces groupes majoritairement présents dans le massif du Tibesti ne représentent actuellement plus une menace imminente pour le régime de N’Djamena.

En raison de sa position en première ligne dans la guerre civile soudanaise, le Tchad est devenu un pays hôte important pour les réfugiés. Il s’est également impliqué dans l'acheminement de l'aide émiratie aux Forces de soutien rapide (FSR). Cette collaboration pourrait alimenter le mécontentement croissant au sein de l'électorat zaghawa de Mahamat Déby. A moyen terme, les combattants des FSR d'origine tchadienne risqueraient de retourner les armes fournies par les Émirats arabes unis contre le régime de Déby.

Des factions rebelles tchadiennes agissent également à la frontière avec la République centrafricaine (RCA). Des milliers de Tchadiens ont fui les violences et les tensions intercommunautaires dans le sud du pays pour gagner la RCA. À l'inverse, des populations centrafricaines quittent leur pays en raison des conflits et s'installent de l'autre côté de la frontière.

Dans la région du lac Tchad, les deux branches de la secte nigériane Boko Haram restent actives notamment dans la province tchadienne du Lac, et mènent des attaques contre les civils des zones rurales et des cibles gouvernementales.

Les perturbations climatiques et environnementales poussent des éleveurs à se déplacer de plus en plus vers le sud du pays lors de la saison sèche. Des conflits agropastoraux surviennent de manière récurrente lors de la transhumance. Des tensions communautaires enflamment parfois la région. En 2022, des incidents ont causé la mort d’au moins 200 personnes.

La capitale N’Djamena a quant à elle connu des manifestations politiques contrées avec force par les autorités, en particulier en octobre 2022 et février 2024. Les conflits violents qui perturbent les différentes régions frontalières du pays ne touchent pas la capitale. Les services sociaux de base (écoles, marchés, hôpitaux, etc.) y fonctionnent de manière habituelle.

Sur l’ensemble du territoire tchadien, les attaques contre les civils et les affrontements armés constituent les violences les plus fréquentes. Pour la période du 1er janvier 2023 au 3 mai 2024, l’ACLED a recensé 123 incidents violents pour un total de 383 décès. Les provinces du Tibesti, du Logone Oriental, de l’Ouaddai, du Lac, de Guera et du Moyen-Chari sont les plus touchées par ces violences. Les zones frontalières avec le Soudan, la RCA et le lac Tchad sont les plus impactées par les déplacements de populations.

L’insécurité alimentaire touche une majeure partie du territoire.

Politique de traitement

La politique définie par le commissaire général se fonde sur une analyse approfondie d’informations récentes et détaillées sur la situation générale dans le pays. Ces informations ont été recueillies de manière professionnelle auprès de diverses sources objectives, dont l’Agence de l’Union européenne pour l’asile (AUEA), le Haut-Commissariat aux réfugiés des Nations unies (HCR), des organisations internationales de défense des droits de l’homme, des organisations non gouvernementales, ainsi que la littérature spécialisée et les médias. Pour définir sa politique, le commissaire général ne se fonde donc pas exclusivement sur les COI Focus publiés sur le site du CGRA, qui ne traitent que de certains aspects particuliers de la situation du pays. Le fait qu’un COI Focus date d’un certain temps déjà ne signifie donc pas que la politique menée par le commissaire général ne soit plus d’actualité.

Pour examiner une demande d’asile, le commissaire général tient non seulement compte de la situation objective dans le pays d’origine à la date de la décision mais également de la situation individuelle et des circonstances personnelles du demandeur. Chaque demande d’asile est examinée au cas par cas. Le demandeur d’asile doit montrer de manière suffisamment concrète qu’il éprouve une crainte fondée de persécution ou court un risque réel d’atteintes graves. Il ne peut donc se contenter de renvoyer à la situation générale dans son pays mais doit également présenter des faits concrets et crédibles le concernant personnellement.

Pour ce pays, il n’y a pas une note de politique de traitement disponible sur le site Internet du CGRA.

Land: 
Tchad