L’objectif de la présente recherche consiste à dresser un état des lieux de la situation sécuritaire au Burkina Faso. Elle porte en particulier sur la période allant du 10 juin 2023 au 9 juillet 2024. Il s’agit d’une mise à jour du COI Focus daté du 13 juillet 2023.
Depuis les premières attaques de groupes djihadistes en 2016 au Burkina Faso, les affrontements avec les forces de sécurité et le nombre de pertes civiles n’ont cessé d’augmenter. La situation a continué de se détériorer durant le deuxième semestre 2023 et le premier semestre 2024.
Malgré les offensives terrestres menées par l'armée et les Volontaires pour la défense de la patrie (VDP), les efforts déployés pour freiner les avancées des djihadistes n'ont pas abouti à l'endiguement souhaité, les revers se succédant dans plusieurs régions. La mobilisation générale a été prolongée jusqu’au 18 avril 2025. La contestation contre l’autorité du capitaine Ibrahim Traoré monte dans les casernes.
La coopération militaire entre le Burkina Faso et la Russie a été officialisée en janvier 2024. Avec ses voisins malien et nigérien, le Burkina Faso a quitté la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) pour créer en juillet 2024 la Confédération Alliance des États du Sahel.
Des organisations non gouvernementales (ONG) internationales et locales, des médias et des survivants d’attaques accusent très régulièrement les forces de sécurité et les VDP de commettre des exactions et des meurtres contre des civils – en particulier de la communauté peule – soupçonnés de collaborer avec des groupes armés ou de simplement vivre à proximité de ces derniers.
Les enlèvements et enrôlements forcés d’opposants civils comme militaires se multiplient. Plusieurs sources dénoncent la torture utilisée par les autorités dans ce cadre.
Des nouveaux VDP sont apparus dans certaines communes. Ils continuent de jouer un rôle de « pompier pyromane », défendant certaines localités mais attisant surtout les tensions ethniques et les violences des groupes djihadistes.
Le Groupe de soutien à l'islam et aux musulmans (Jama'at Nusrat al-Islam wal-Muslimin, JNIM) est l'acteur armé le plus actif dans le conflit régional du Sahel et au Burkina Faso. Il y contrôlerait ou exercerait une influence significative sur de vastes étendues de territoire, menant des actions, notamment des violences de masse, dans onze des treize régions du pays. L’État islamique dans le Grand Sahara (EIGS) concentre ses opérations dans la région du Liptako-Gourma.
Les groupes djihadistes sont les auteurs de nombreuses violences, comme des frappes directes sur des représentations emblématiques du pouvoir de l'État, des prises d’otages ou des attaques contre les écoles et des civils. Ils imposent des embargos et des blocus sur des villes et des villages, voire des subdivisions administratives entières. Ils mènent de surcroît une guerre économique dont la population civile est la première victime.
Amnesty International (AI) souligne que toutes les parties au conflit ont perpétré des atrocités contre la population. Pour la période du 10 juin 2023 au 21 juin 2024, l’Armed Conflict Location & Event Data Project (ACLED) a recensé 1.524 incidents survenus au Burkina Faso. Les affrontements armés et les attaques contre les civils constituent les violences les plus fréquentes.
Un expert de la situation sécuritaire au Sahel estime que les civils sont davantage visés pour leur proximité géographique et leurs liens prétendus avec des groupes djihadistes que sur base de leur appartenance ethnique.
Selon l’ACLED, la région de l’Est a été la plus touchée par l’insécurité (1.878 victimes) suivie par les régions du Sahel (1.692 victimes) et du Centre-Nord (1.409 victimes). Aucune attaque de grande envergure n'a eu lieu dans la capitale depuis plusieurs années mais un risque d’attentat dans cette ville est pointé par plusieurs observateurs.
L’Organisation des Nations unies (ONU) indique en mars 2024 que 6,3 millions de personnes (sur une population de 20 millions) ont besoin d’une assistance humanitaire. En outre, au 31 janvier 2024, 5.400 écoles étaient fermées, 789 formations sanitaires fonctionnaient a minima ou plus du tout et plus de deux millions de personnes étaient en insécurité alimentaire.
Politique de traitement
La politique définie par le commissaire général se fonde sur une analyse approfondie d’informations récentes et détaillées sur la situation générale dans le pays. Ces informations ont été recueillies de manière professionnelle auprès de diverses sources objectives, dont l’Agence de l’Union européenne pour l’asile (AUEA), le Haut-Commissariat aux réfugiés des Nations unies (HCR), des organisations internationales de défense des droits de l’homme, des organisations non gouvernementales, ainsi que la littérature spécialisée et les médias. Pour définir sa politique, le commissaire général ne se fonde donc pas exclusivement sur les COI Focus publiés sur le site du CGRA, qui ne traitent que de certains aspects particuliers de la situation du pays. Le fait qu’un COI Focus date d’un certain temps déjà ne signifie donc pas que la politique menée par le commissaire général ne soit plus d’actualité.
Pour examiner une demande d’asile, le commissaire général tient non seulement compte de la situation objective dans le pays d’origine à la date de la décision mais également de la situation individuelle et des circonstances personnelles du demandeur. Chaque demande d’asile est examinée au cas par cas. Le demandeur d’asile doit montrer de manière suffisamment concrète qu’il éprouve une crainte fondée de persécution ou court un risque réel d’atteintes graves. Il ne peut donc se contenter de renvoyer à la situation générale dans son pays mais doit également présenter des faits concrets et crédibles le concernant personnellement.
Pour ce pays, il n’y a pas une note de politique de traitement disponible sur le site Internet du CGRA.