Situation sécuritaire

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Des observateurs constatent que, depuis l’arrivée au pouvoir du président Ndayishimiye en 2020, il n’y a pas eu d’amélioration substantielle de la situation des droits humains. Les violations telles que des arrestations arbitraires, des disparitions forcées et exécutions extrajudiciaires, des cas de torture perdurent. Elles sont pour la plupart de la responsabilité de la police, du Service national de renseignement et des Imbonerakure. S’il y a eu des arrestations d’agents étatiques et d’Imbonerakure accusés de crimes de droit commun, ceux-ci agissent généralement dans l’impunité lorsqu’il s’agit de crimes politiques. Différentes sources soulignent la connivence entre les services de sécurité et les Imbonerakure qui, selon le rapporteur spécial onusien, ont toute latitude pour commettre des violations. En même temps, l’Initiative pour les droits humains au Burundi (IDHB) remarque que dans un grand nombre de provinces, les Imbonerakure ont fait preuve de plus de retenue.

Les victimes des violences sont surtout des militants du parti d’opposition Congrès national pour la liberté (CNL) ainsi que des personnes soupçonnées de collaboration avec des groupes armés. Des militants d’autres partis d’opposition ainsi que des personnes sans affiliation politique qui refusent d’adhérer au parti au pouvoir ou qui ont critiqué la gestion du pays ont aussi été ciblés. La Commission d’enquête onusienne indiquait en 2017 que, même si l’origine ethnique des victimes peut constituer un facteur aggravant pour les auteurs des violations, ces victimes n’ont pas été ciblées en premier lieu pour ce motif.

L’IDHB et le rapporteur spécial onusien considèrent que depuis 2022, les violations perpétrées par des agents étatiques ont diminué. Ces sources font état d’une « accalmie apparente ». Le nombre d’incidents violents et de victimes répertoriés par l’Armed Conflict Location & Event Data Project (ACLED) en 2023 et 2024 est bien inférieur à celui des années précédentes, même si en 2024, l’ACLED note une augmentation du nombre de victimes civiles par rapport à 2023. En revanche, la Ligue Iteka avance un nombre de victimes bien plus élevé que l’ACLED. Ces sources avertissent du risque d’une recrudescence des violations à l’approche des élections de juin 2025.

En 2024, les affrontements entre les forces burundaises et des groupes armés rwandophones dans le nord-ouest du pays étaient peu nombreux. Par ailleurs, deux attaques du mouvement rebelle Résistance pour un Etat de droit au Burundi (RED) Tabara à l’ouest du Burundi ont fait plusieurs morts fin 2023 et début 2024. A l’est de la République démocratique du Congo (RDC), l’armée burundaise, renforcée par des Imbonerakure, a poursuivi ses opérations contre des groupes rebelles burundais et a continué de soutenir les forces congolaises contre le groupe rebelle Mouvement 23 (M23) appuyé par l’armée rwandaise. Plusieurs sources signalent de lourdes pertes dans les rangs de l’armée burundaise.

La société civile continue de documenter la découverte dans l’espace public de centaines de cadavres. Souvent, les corps montrent des signes de violence et sont enterrés sans enquête. Cibitoke est la province la plus touchée par ce type de violence.

L’espace pour la société civile et les médias reste restreint. De nouveaux cas de harcèlements, d’arrestations et de condamnations de défenseurs des droits humains et de journalistes ont eu lieu en 2023 et 2024. De nombreux activistes et journalistes restent en exil.

Fin 2024, les pays voisins accueillaient quelque 318.000 réfugiés et demandeurs de protection internationale (DPI) burundais. Alors que 254.000 réfugiés sont retournés au Burundi depuis 2017 avec l’assistance du Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR), ce mouvement de retour a diminué en intensité depuis 2022. Le retour dans des communautés souvent vulnérables, l’accès difficile aux moyens de subsistance et aux services de base et, dans certains cas, des problèmes de sécurité et de surveillance affectent la réintégration. Certains rapatriés ont repris le chemin de l’exil, malgré les mauvaises conditions de vie et l’insécurité qui règnent dans les camps.

Plusieurs sources indiquent que la situation économique ne cesse de s’aggraver : les pénuries diverses, notamment de carburant, paralysent l’activité économique, alors que les prix alimentaires augmentent. L’inflation atteint des niveaux record et la croissance économique est pratiquement inexistante. Les conséquences du déclin économique sur la situation humanitaire dans le domaine de la santé, de l’éducation et de la sécurité alimentaire, sont désastreuses, selon le Bureau des Nations unies pour la coordination des affaires humanitaires (United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs, OCHA).

Politique de traitement

La politique définie par le commissaire général se fonde sur une analyse approfondie d’informations récentes et détaillées sur la situation générale dans le pays. Ces informations ont été recueillies de manière professionnelle auprès de diverses sources objectives, dont l’Agence de l’Union européenne pour l’asile (AUEA), le Haut-Commissariat aux réfugiés des Nations unies (HCR), des organisations internationales de défense des droits de l’homme, des organisations non gouvernementales, ainsi que la littérature spécialisée et les médias. Pour définir sa politique, le commissaire général ne se fonde donc pas exclusivement sur les COI Focus publiés sur le site du CGRA, qui ne traitent que de certains aspects particuliers de la situation du pays. Le fait qu’un COI Focus date d’un certain temps déjà ne signifie donc pas que la politique menée par le commissaire général ne soit plus d’actualité.

Pour examiner une demande d’asile, le commissaire général tient non seulement compte de la situation objective dans le pays d’origine à la date de la décision mais également de la situation individuelle et des circonstances personnelles du demandeur. Chaque demande d’asile est examinée au cas par cas. Le demandeur d’asile doit montrer de manière suffisamment concrète qu’il éprouve une crainte fondée de persécution ou court un risque réel d’atteintes graves. Il ne peut donc se contenter de renvoyer à la situation générale dans son pays mais doit également présenter des faits concrets et crédibles le concernant personnellement.

Pour ce pays, il n’y a pas une note de politique de traitement disponible sur le site Internet du CGRA.

Land: 
Burundi