Situation sécuritaire au nord-est

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L’objectif de ce COI Focus consiste à dresser un état des lieux de la situation sécuritaire dans le nord-est du Nigeria, en particulier sur la période allant du 28 mars 2018 au 28 octobre 2020, date à laquelle les recherches ont été clôturées. Les Etats principalement concernés sont ceux d’Adamawa, de Borno et de Yobe. Ce COI Focus est une mise à jour du COI Focus du 28 mars 2018 sur la situation sécuritaire liée à Boko Haram.

La lutte entre Boko Haram et les forces de sécurité continue de dévaster le nord-est du Nigeria (Etats d’Adamawa, de Borno et de Yobe). Les insurgés opèrent plutôt dans les zones rurales tandis que les forces gouvernementales sont davantage retranchées dans les villes.

De nombreuses sources s’accordent pour dire que Boko Haram est divisé en deux factions principales depuis 2016. L’une est restée fidèle à Abubakar Shekau (Jamaatou Ahl es-Sunna lid-Daawaati wal-Jihad), l’autre a prêté allégeance à l’Etat islamique (Province d’Afrique de l’ouest de l’Etat islamique ou ISWAP). Ces deux factions sont principalement présentes dans l’Etat de Borno. Toutes deux font preuve de résilience, malgré de lourdes pertes humaines dans leurs rangs. La faction restée fidèle à Abubakar Shekau mène de nombreuses attaques contre les civils. L’ISWAP mène des attaques principalement contre les forces gouvernementales et tente de se montrer plus séduisante vis-à-vis des civils.

Les forces de sécurité nigérianes sont discréditées auprès de la population et ont généralement adopté une position défensive, notamment en se retranchant dans des grands camps fortifiés. Elles commettent également des exactions.

Une force opérationnelle multinationale (Multinational Joint Task Force, MNJTF) a repris quelques territoires à Boko Haram mais souffre de nombreuses contraintes structurelles.

Plusieurs groupes d’autodéfense comblent un vide sécuritaire et l’un d’entre eux, en l’occurrence la Civil Joint Task Force, est formellement sous le commandement de l’armée. Cette force civile, qui accompagne les militaires dans certaines opérations, est parfois impliquée directement ou indirectement dans des exactions contre des civils.

Amnesty International estime que Boko Haram et les forces nigérianes commettent régulièrement des crimes de droit international.

Pour la période du 28 mars 2018 au 10 octobre 2020, l’ACLED a recensé 1.194 incidents (battles, explosions/remote violence, violence against civilians), causant la mort de 6.679 personnes. Le HCR a dénombré 1.666 cas de violence sexuelle et basée sur le genre durant la seule année 2019.

Les civils constituent les premières victimes de ce conflit, notamment parce qu’ils sont suspectés de collaborer avec l’une ou l’autre partie du conflit. Globalement, les forces gouvernementales et les groupes d’autodéfense ont tué plus de personnes que Boko Haram entre 2007 et 2019.

Borno concentre le plus grand nombre de décès liés à ce conflit pour la période allant du 28 mars 2018 au 10 octobre 2020.

Borno est également l’Etat qui contient le plus de déplacés internes. Ses autorités souhaitent que de nombreux déplacés internes rentrent dans leur région d’origine.

L’acheminement de l’aide humanitaire est entravé par l’état des routes, la résurgence des attaques armées ainsi que par les nombreux postes de contrôle tenus par des groupes armés non étatiques. Des agents humanitaires sont de plus en plus pris pour cible. Boko Haram attaque également des hôpitaux et des écoles, secteurs déjà fragilisés.

Politique de traitement

La politique définie par le commissaire général se fonde sur une analyse approfondie d’informations récentes et détaillées sur la situation générale dans le pays. Ces informations ont été recueillies de manière professionnelle auprès de diverses sources objectives, dont le Bureau européen d’appui en matière d’asile, le Haut-Commissariat aux réfugiés des Nations unies, des organisations internationales de défense des droits de l’homme, des organisations non gouvernementales, ainsi que la littérature spécialisée et les médias. Pour définir sa politique, le commissaire général ne se fonde donc pas exclusivement sur les COI Focus publiés sur le site du CGRA, qui ne traitent que de certains aspects particuliers de la situation du pays. Le fait qu’un COI Focus date d’un certain temps déjà ne signifie donc pas que la politique menée par le commissaire général ne soit plus d’actualité.

Pour examiner une demande d’asile, le commissaire général tient non seulement compte de la situation objective dans le pays d’origine à la date de la décision mais également de la situation individuelle et des circonstances personnelles du demandeur. Chaque demande d’asile est examinée au cas par cas. Le demandeur d’asile doit montrer de manière suffisamment concrète qu’il éprouve une crainte fondée de persécution ou court un risque réel d’atteintes graves. Il ne peut donc se contenter de renvoyer à la situation générale dans son pays mais doit également présenter des faits concrets et crédibles le concernant personnellement.

Pour ce pays, il n’y a pas une note de politique de traitement disponible sur le site Internet du CGRA.

Land: 
Nigéria