Cette recherche vise à dresser un état des lieux de la situation sécuritaire en Colombie. La recherche porte particulièrement sur la période allant du 1er janvier 2019 à fin octobre 2019. Elle s’est clôturée le 30 octobre 2019.
Bien que le conflit entre les FARC-EP et le gouvernement colombien ait officiellement pris fin avec l’accord de paix de 2016, plusieurs sources ont constaté une recrudescence des violences au cours de l’année 2018. Le vide laissé par la démobilisation des FARC-EP a donné lieu à des heurts violents entre des groupes armés – comme l’EPL, l’ELN et les AGC – pour le contrôle du pays, mais aussi des lucratifs trafic de drogues et culture de la coca.
Selon le CICR, l’on compte au moins cinq conflits armés en cours dans le pays, dont quatre opposant le gouvernement colombien et, respectivement, l’ELN, l’EPL, les AGC et les FARC-EP. Le cinquième conflit se joue entre l’ELN et l’EPL dans la région du Catatumbo, dans le Norte de Santander. À partir des nombreuses sources consultées, il ressort que les violences et le conflit se concentrent dans les parties rurales d’un certain nombre de zones géographiques, à savoir la région frontalière avec le Venezuela (Catatumbo dans le Norte de Santander et Arauca), la région du Pacifique (Nariño, Cauca, Valle de Cauca et Chocó), Bajo Cauca dans l’Antioquia et le sud de Cordoba, ainsi que la région méridionale du pays (Putumayo, Caquetá, Meta et Guaviare). En outre, la Colombie est confrontée à d’autres formes de violences, comme celles commises dans les villes de Medellín, Bogotá, Buenaventura, Cali et Tumaco.
Les évaluations du nombre de groupes armés actifs en Colombie varient fortement. Le CODHES identifie 34 groupes armés. Les principaux acteurs à cet égard sont les FARC-EP, l’ELN, l’EPL et les bandes relevant du crime organisé, dont les principales sont les AGC.
Lors de combats opposant les troupes régulières et les groupes armés, ainsi que les groupes armés entre eux, des civils sont parfois tués ou blessés. Mis à part les violences ciblées visant des civils en particulier, Monitor a enregistré 72 incidents à caractère général (incidents où des civils sont utilisés comme boucliers humains durant des affrontements armés; civils blessés ou tués lors de fusillades; civils tués lors de bains de sang) qui ont fait 458 victimes civiles entre le 1er janvier et le 23 septembre 2019. Par ailleurs, des menaces sont proférées, des enlèvements et des assassinats se produisent, par exemple sur des combattants démobilisés et des leaders sociaux, mais des meurtres sont aussi perpétrés au hasard. L’utilisation de mines terrestres s’est accrue au cours de 2018, mais elle a semblé régresser durant la première moitié de 2019. Dans certaines régions, la présence de mines terrestres et les violences armées entravent complètement la liberté de circulation des communautés qui y vivent. Dans ce contexte, les civils n’ont accès ni à la nourriture, ni à l’école, ni aux soins de santé. En outre, l’on observe un phénomène de recrutement forcé, quoique de faible ampleur. Enfin, il est fait état de nombreuses indications de violences sexuelles, mais les chiffres exacts sont difficiles à obtenir.
Les violences font également un grand nombre de déplacés internes. À cet égard, les estimations pour la première moitié de 2019 fluctuent de 13.447 à 53.000 personnes. Plusieurs sources signalent que les départements de Nariño, de Cauca, d’Antioquia, de Chocó et du Norte de Santander sont les plus affectés par le déplacement de personnes. Le conflit qui perdure, l’insécurité et l’absence d’État dans la région d’origine, de même que la criminalité et les violences commises dans les refuges d’IDP suscitent des épisodes successifs de déplacement intra et interurbain.
Une comparaison entre 2018 et 2019 relative à la période allant du 1er janvier et 23 septembre montre une hausse du nombre d’incidents à caractère violent, mais aussi une nette baisse du nombre de victimes. Il est fait état d’une augmentation des opérations menées par l’armée régulière contre les groupes armés et d’une diminution des affrontements opposant les groupes armés entre eux. Le nombre d’assassinats s’accroît, les cas de déplacement forcé sont moins nombreux. Les incidents de confinement suite à des affrontements armés s’amplifient.
L’UARIV, compétente pour l’octroi d’assistance aux victimes du conflit armé depuis 1985, doit fixer des priorités en raison du grand nombre de victimes et de restrictions budgétaires.
L’UNOCHA constate une hausse du nombre d’agressions contre des civils durant la période allant de janvier 2018 à mai 2019 par rapport à la période d’août 2016 à décembre 2017. Durant la première moitié de 2019, les combats entre l’armée régulière et les groupes armés ont connu une recrudescence. Cependant, selon les informations de Monitor, le nombre de victimes de violences au cours de la période de janvier à septembre 2019 s’est réduit par rapport à la même période de 2018. Le nombre d’assassinats a connu une hausse, alors que les cas de déplacement forcé ont diminué. Les incidents de confinement suite à des affrontements armés s’amplifient. Les élections locales du 27 octobre 2019 sont les premières auxquelles les FARC ont pris part et constituent une source potentielle de nouvelles violences ciblées.
Jusqu’à présent, la Colombie a affiché une attitude très ouverte envers les migrants vénézuéliens, en nombre croissant. Néanmoins, ce flux considérable de nouveaux arrivants s’accompagne de problèmes en matière de sécurité. En effet, les groupes armés s’intéressent de près aux Vénézuéliens, dans la mesure où ils sont plus faciles à recruter que les Colombiens. Au plan national, 10 % des combattants des groupes armés sont de nationalité vénézuélienne.
Politique de traitement
La politique définie par le commissaire général se fonde sur une analyse approfondie d’informations récentes et détaillées sur la situation générale dans le pays. Ces informations ont été recueillies de manière professionnelle auprès de diverses sources objectives, dont le Bureau européen d’appui en matière d’asile, le Haut-Commissariat aux réfugiés des Nations unies, des organisations internationales de défense des droits de l’homme, des organisations non gouvernementales, ainsi que la littérature spécialisée et les médias. Pour définir sa politique, le commissaire général ne se fonde donc pas exclusivement sur les COI Focus publiés sur le site du CGRA, qui ne traitent que de certains aspects particuliers de la situation du pays. Le fait qu’un COI Focus date d’un certain temps déjà ne signifie donc pas que la politique menée par le commissaire général ne soit plus d’actualité.
Pour examiner une demande d’asile, le commissaire général tient non seulement compte de la situation objective dans le pays d’origine à la date de la décision mais également de la situation individuelle et des circonstances personnelles du demandeur. Chaque demande d’asile est examinée au cas par cas. Le demandeur d’asile doit montrer de manière suffisamment concrète qu’il éprouve une crainte fondée de persécution ou court un risque réel d’atteintes graves. Il ne peut donc se contenter de renvoyer à la situation générale dans son pays mais doit également présenter des faits concrets et crédibles le concernant personnellement.
Pour ce pays, il n’y a pas une note de politique de traitement disponible sur le site Internet du CGRA.