Ce COI Focus décrit les conditions de sécurité dans la capitale de la Somalie, Mogadiscio, en particulier au cours de la période allant du 1er septembre 2016 au 1er juin 2017. Ce document est une mise à jour du COI Focus datant du 6 septembre 2016.
Les conditions de sécurité à Mogadiscio sont variables selon le quartier envisagé. D’après différentes sources, certains districts de la capitale sont significativement plus sûrs que d’autres, alors que selon les recherches menées par le BFA autrichien en 2015, plusieurs districts sont parmi les endroits les plus dangereux du pays et les autorités somaliennes en sont pratiquement absentes, affirme le service d’immigration danois. D’après l’ACLED, Benadir (Banadir) constituait en 2016, à une exception près, la région d’Afrique où l’on recensait le plus de faits de violence (mais pas le plus grand nombre de morts). La capitale est régulièrement le théâtre d’attentats complexes, en particulier contre des hôtels et des établissements populaires auprès des fonctionnaires, d’attentats ciblés visant des personnes liées aux autorités ou aux institutions internationales, ainsi que d’attentats à la bombe ou d’attaques au mortier. Bien qu’Al Shabaab revendique souvent ces attentats, les actes de violence sont aussi régulièrement imputables à d’autres acteurs, déclarent plusieurs sources.
L’on ne dispose pas de statistiques précises relatives aux victimes civiles. D’après les chiffres de l’ACLED, le nombre d’incidents à caractère violent et de victimes recensées à Mogadiscio a proportionnellement augmenté au cours des cinq premiers mois de 2017 par rapport à 2015 et 2016. Durant cette période, le nombre de morts parmi les civils approchait le nombre total de morts parmi les civils pour l’ensemble de 2016. Des sources au sein des Nations unies ont également constaté une augmentation de la violence à l’encontre de la population en Somalie.
Selon différentes instances d’asile européennes, le fait de se trouver au mauvais endroit au mauvais moment constitue le plus grand risque pour les civils à Mogadiscio. D’après le ministère néerlandais des Affaires étrangères, les habitants de la capitale déterminent pour une grande part eux-mêmes leur propre sécurité. Le service de documentation suédois Lifos estime toutefois que les risques ont augmenté en 2016 et constate, tout comme plusieurs experts de la Somalie, qu’Al Shabaab vise de plus en plus souvent des civils. Par ailleurs, en 2013 et en 2015, la Cour européenne des droits de l’homme a conclu que la situation des droits humains et les conditions de sécurité à Mogadiscio – quoique fragiles et imprévisibles - ne constituaient pas un risque réel de traitement contraire à l’article 3 de la CEDH pour qui se trouve déjà à Mogadiscio.
Au cours de ces dernières années, des dizaines de milliers de réfugiés sont revenus en Somalie depuis le Kenya et depuis le Yémen, en plein conflit. Selon HRW, le retour depuis le camp de réfugiés de Dadaab est cependant marqué par de fortes pressions de la part des autorités kényanes. Des Somaliens reviennent également de la diaspora, souvent pour faire des affaires en Somalie. Une personne de retour est reconnue en tant que telle par la population locale et doit pouvoir s’appuyer sur un réseau familial ou clanique.
Plusieurs sources signalent des évolutions positives dans la capitale, comme la reprise des activités économiques et une amélioration des infrastructures sociales élémentaires, telles que les soins de santé et l’enseignement, qui demeurent, il est vrai, limités. Les nombreux IDP présents à Mogadiscio vivent quant à eux dans des conditions précaires et sont particulièrement exposés aux violences.
Politique de traitement
Depuis la chute du président Siad Barre en 1991, la Somalie est plongée dans le chaos. Plusieurs autorités de transition se sont succédé depuis l’an 2000. Dans les années 1990, le Somaliland et le Puntland ont acquis une indépendance de fait par rapport à l’Etat fédéral somalien. La situation sécuritaire au Somali est en grand partie déterminée par un conflit armé interne de longue durée en raison duquel un grand nombre de personnes ont été déplacées à l’intérieur du pays ou se sont réfugiées à l’étranger. Pour évaluer le besoin de protection internationale, le commissaire général tient compte du fait qu’il y a des différences fondamentales dans la situation à Mogadiscio, dans le centre et le sud de la Somalie, d’une part, et la situation au Puntland et au Somaliland, d’autre part.