Au cours de la période couverte par les recherches, qui s’étend du 1er janvier 2016 au 1er juin 2017, des incidents à caractère violent ont eu lieu au Puntland, au Somaliland et dans les régions contestées. Les actes de violence commis durant cette période peuvent, dans les grandes lignes, être classés en cinq catégories : attentats et assassinats ciblés, affrontements avec Al Shabaab, opérations de nature violente menées par la fraction de l’EI (uniquement active au Puntland), violences entre milices claniques et confrontations entre les différentes forces de l’ordre. Ces violences dans la région font parfois des victimes civiles et contraignent les habitants à prendre la fuite, ce qui en fait des personnes (temporairement) déplacées.
De manière générale, selon différentes sources, toutes les parties au conflit se rendent coupables d’exactions graves à l’encontre de la population dans le cadre des combats et dans les zones qu’elles contrôlent.
Plusieurs sources décrivent la situation sécuritaire dans les régions contrôlées par le Somaliland comme étant stable. Les différents clans et les milices du Khatumo sont à l’origine d’incidents violents, qui font parfois des victimes civiles.
En ce qui concerne le Puntland, le dernier rapport de l’UN Monitoring Group mentionne que la fraction de l’EI dirigée par Mu’min et que la lutte armée que mène Al Shabaab contre celle-ci sont des éléments qui influent fortement sur la situation sécuritaire dans la région. Au cours de la période de référence, Al Shabaab a mené le premier attentat contre un hôtel commis dans la région, ainsi qu’une singulière attaque amphibie. Plusieurs sources signalent qu’Al Shabaab est plus actif durant la période de référence.
À partir de la seconde moitié de 2016, des opérations menées par la fraction de l’EI dirigée par Mu’min ont été rapportées, notamment les combats pour la ville côtière de Qandala, en novembre et décembre 2016. L’EI a brièvement contrôlé cette ville. Bien que cette fraction de l’EI ait d’abord été un petit groupement (une trentaine d’hommes), plusieurs sources affirment que ses forces armées se sont fortement accrues en une année. Fin mai 2017, l’EI a commis son premier attentat suicide à Bosaso, qui a fait plusieurs victimes civiles.
Dans la ville de Galkayo, des affrontements armés ont eu lieu durant la période de référence entre le Puntland et la GIA ainsi que les milices claniques, faisant plusieurs morts. Ces violences ont connu un pic en octobre et novembre 2016. Elles ont provoqué un flux massif de réfugiés quittant la ville, mais aussi d’IDP quittant les camps. D’après HRW, aucune des deux parties au conflit ne fait grand cas des civils et de leurs biens. Un accord de paix est intervenu en décembre 2016 et l’on constate depuis lors un recul de la violence.
Pour la période de référence, diverses sources concluent que les services de sécurité du Puntland sont considérablement mis sous pression : ils doivent surveiller la longue frontière avec le sud et le centre de la Somalie, maintenir sous contrôle les clans qui se rebellent à Sool et à Sanaag, combattre des groupes armés hostiles à Galkayo (contre les forces de la GIA), affronter Al Shabaab dans les montagnes de Galgala et la milice de Gallan à Qandala.
Dans les régions contestées, les violences entre membres ou milices des différents clans coûtent également la vie à des civils.
Au cours de la période de référence, les violences (principalement à Galkayo et lors de la prise de Qandala par la fraction de l’EI) et la sécheresse qui s’aggrave ont engendré des flux de réfugiés. Dans le nord de la Somalie, ce sont les régions de Toghdeer, Sool et Sanaag qui sont les plus touchées par la sécheresse.
En ce qui concerne les déplacements de personnes dus au conflit, le Conseil de sécurité des Nations unies a déclaré qu’ils s’étaient considérablement accrus au cours de l’année 2016. Cette situation donne lieu à de graves préoccupations quant à la sécurité et la protection de ces IDP, particulièrement des femmes et des enfants.
Politique de traitement
Depuis la chute du président Siad Barre en 1991, la Somalie est plongée dans le chaos. Plusieurs autorités de transition se sont succédé depuis l’an 2000. Dans les années 1990, le Somaliland et le Puntland ont acquis une indépendance de fait par rapport à l’Etat fédéral somalien. La situation sécuritaire au Somali est en grand partie déterminée par un conflit armé interne de longue durée en raison duquel un grand nombre de personnes ont été déplacées à l’intérieur du pays ou se sont réfugiées à l’étranger. Pour évaluer le besoin de protection internationale, le commissaire général tient compte du fait qu’il y a des différences fondamentales dans la situation à Mogadiscio, dans le centre et le sud de la Somalie, d’une part, et la situation au Puntland et au Somaliland, d’autre part.