Situation sécuritaire

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Ce rapport met à jour un précédent COI Focus daté du 20 juin 2019. Il dresse un état des lieux de la situation sécuritaire au Niger, pour la période allant du 1er mai 2019 au 31 mars 2020. Toutefois, certaines décisions politiques prises en avril 2020 dans le cadre de la crise sanitaire liée à l’épidémie de Covid-19 sont citées dans ce rapport.

Le relevé des incidents figurant dans ce COI Focus ne prétend pas à l’exhaustivité.

Le gouvernement du président Mahamadou Issoufou, réélu pour un second mandat en mars 2016, a fait de la lutte contre le terrorisme une priorité de son programme. Depuis 2015, le Niger est en effet confronté à l’insécurité en raison d’incursions de groupes armés djihadistes sur son territoire. Ce sont principalement les conséquences du conflit libyen, du conflit armé au Mali et de la présence d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI) au Mali et de Boko Haram au nord du Nigéria.

Les préparatifs en vue des élections présidentielle et législatives ont commencé avec l’adoption du nouveau Code électoral qui planifie les élections régionales et municipales le 1er novembre 2020 tandis que les élections présidentielle et législatives suivront le 27 décembre 2020 (premier tour) et le 20 février 2021 (deuxième tour).

Le Niger a été élu pour deux ans membre non-permanent du Conseil de sécurité des Nations unies .

Des protestations se sont poursuivies au Niger durant la période couverte par le présent rapport. Les Nigériens ont protesté contre la présence de bases militaires étrangères, contre des faits de corruption et contre les mesures de restriction prises par le gouvernement contre la propagation du Covid-19.

Les sources consultées évoquent une poursuite de la dégradation de la situation sécuritaire dans la deuxième partie de l’année 2019. Selon les données de l’ACLED, en 2019, 720 personnes ont été tuées dans les conflits au Niger. Ces décès sont en hausse de 40 % par rapport à 2018, selon la même source. La région de Diffa (région du lac Tchad) a concentré la plupart des décès signalés (60 %), suivie par la région de Tillaberi (à la frontière avec le Mali et le Burkina Faso). Le mois de décembre a été le plus meurtrier de l’année 2019, marqué par une attaque revendiquée par l’Etat Islamique (EI) à l’ouest du Niger, près de la frontière malienne, qui a fait 71 morts, 12 blessés et une trentaine de disparus selon la presse, et 100 morts selon l’EI.

La dégradation de la situation sécuritaire est due aux incursions de groupes armés radicaux qui commettent des exactions : ils ciblent les personnes accusées de collaboration avec les forces de sécurité nigériennes ainsi que les civils. À cela, s’ajoutent la criminalité et le banditisme, amplifiés par la faible présence des forces de sécurité et les tensions intercommunautaires. Selon le Secrétaire général de l’ONU, au deuxième semestre de l’année 2019, les groupes armés non étatiques (GANE) ont attaqué les forces gouvernementales alors que les civils ont été victimes d’assassinats, d’enlèvements, de vols de bétail et de pillages.

Pour faire face aux divers groupes armés terroristes, le Niger a conclu plusieurs accords avec les pays voisins. En effet, le Niger fait partie de la Force conjointe du G5 Sahel (FCG5S) avec le Burkina Faso, le Mali, la Mauritanie, le Niger, le Tchad ainsi que la force multinationale mixte (FMM) composée des pays du bassin du lac Tchad (Cameroun, Niger, Nigéria, Tchad). La France, par le biais de l’opération Barkhane, est présente au Niger et y dispose de bases militaires, de même que les Etats-Unis qui fournissent du matériel militaire.

Les groupes terroristes actifs dans le pays sont Boko Haram, qui mène des incursions dans le pays depuis le Nigéria voisin, et l’Etat islamique dans le Grand Sahara (EIGS), actif dans la zone des trois frontières entre le Mali, le Burkina Faso et le Niger. La violence résulte également de la présence de plusieurs groupes armés apparus depuis 2010 à la frontière entre le Mali, le Niger et le Burkina Faso. D’après certains analystes, les terroristes ont exacerbé les tensions entre les Touaregs et les Peuls en exploitant la colère générée par les vols de bétail commis à la frontière entre le Mali et le Niger. D’autres sources parlent d’une exploitation des clivages intercommunautaires par les groupes terroristes pour augmenter leur influence. Suite à l’insécurité croissante dans l’extrême nord du Niger, des groupes d’autodéfense issus de la communauté toubou ont fait leur apparition. Enfin, des groupes criminels qui commettent des crimes et délits (vols ou agressions) à l’encontre des populations sont présents dans les régions de Diffa et d’Agadez.

Durant la période couverte par ce rapport, la violence s’est manifestée par des attaques de groupes armés terroristes, des affrontements intercommunautaires et des actes de banditisme. Les civils et les forces de défense et de sécurité ont constitué les cibles de la violence. Selon les statistiques de l’OCHA, le nombre des victimes civiles a été, en 2019, le plus élevé depuis le début de la crise sécuritaire en 2015. Ont été recensées 1.175 attaques, au cours desquelles 250 personnes ont été tuées et 250 enlevées.

Les principales zones d’insécurité au Niger, selon les sources consultées, sont localisées sur le front nord-ouest (régions de Tillabéri et de Tahoua) et sud-est (région de Diffa). Dans une moindre mesure, les régions de Maradi (sud) et d’Agadez (nord) ont également été impactées par la dégradation de la situation sécuritaire.

Fin mars 2020, le Niger comptabilisait 226.700 déplacés et 215.804 réfugiés sur place venus des pays voisins, surtout du Nigeria et du Mali. Diffa, qui enregistrait 119.541 personnes déplacées internes (PDI) était la région la plus touchée par les déplacements tandis que les régions de Tillaberi et Tahoua occupaient la deuxième place avec 78.040 PDI.

Début 2020, l’OCHA estimait que 2,9 millions de personnes auront besoin d'une assistance humanitaire en 2020. La distribution de celle-ci est rendue difficile par la présence des groupes armés. En janvier 2020, une centaine d’écoles étaient fermées à cause des violences. Dans les trois régions où l’état d’urgence est en vigueur, la liberté de mouvement de la population est restreinte en raison du couvre-feu.

Politique de traitement

La politique définie par le commissaire général se fonde sur une analyse approfondie d’informations récentes et détaillées sur la situation générale dans le pays. Ces informations ont été recueillies de manière professionnelle auprès de diverses sources objectives, dont le Bureau européen d’appui en matière d’asile, le Haut-Commissariat aux réfugiés des Nations unies, des organisations internationales de défense des droits de l’homme, des organisations non gouvernementales, ainsi que la littérature spécialisée et les médias. Pour définir sa politique, le commissaire général ne se fonde donc pas exclusivement sur les COI Focus publiés sur le site du CGRA, qui ne traitent que de certains aspects particuliers de la situation du pays. Le fait qu’un COI Focus date d’un certain temps déjà ne signifie donc pas que la politique menée par le commissaire général ne soit plus d’actualité.

Pour examiner une demande d’asile, le commissaire général tient non seulement compte de la situation objective dans le pays d’origine à la date de la décision mais également de la situation individuelle et des circonstances personnelles du demandeur. Chaque demande d’asile est examinée au cas par cas. Le demandeur d’asile doit montrer de manière suffisamment concrète qu’il éprouve une crainte fondée de persécution ou court un risque réel d’atteintes graves. Il ne peut donc se contenter de renvoyer à la situation générale dans son pays mais doit également présenter des faits concrets et crédibles le concernant personnellement.

Pour ce pays, il n’y a pas une note de politique de traitement disponible sur le site Internet du CGRA.

Land: 
Niger