Situation sécuritaire

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Ce COI Focus dresse un état des lieux de la situation sécuritaire au Burundi. Ce document, qui est une mise à jour du COI Focus du 19 novembre 2020, porte sur les développements qui ont eu lieu entre octobre 2020 et le 1er janvier 2022.

Le président Ndayishimiye, élu en 2020, a tenté de resserrer les liens avec les pays voisins et avec la communauté internationale. Malgré des signes initiaux encourageants au niveau de la lutte contre l’impunité et la corruption, la commission d’enquête onusienne ne perçoit aucune avancée structurelle.

Les violations des droits de l’homme ont perdu en intensité après les élections. Ainsi, le président a sommé les Imbonerakure, qui avaient assumé un rôle central dans l’appareil sécuritaire, d’arrêter les violences. Toutefois, après plusieurs incidents de sécurité qui ont eu lieu depuis mai 2021 - des attaques faisant des victimes parmi la population civile et parmi les membres des forces de l’ordre et du parti au pouvoir - il est question d’une recrudescence des violations et d’une réactivation des Imbonerakure. Dans le cadre de la traque des responsables de ces incidents, plusieurs sources ont documenté des arrestations et détentions arbitraires, de la torture, des violences sexuelles ainsi que des disparitions forcées et des exécutions extrajudiciaires. La commission d’enquête onusienne indique que des personnes soupçonnées de collaboration avec des groupes armés ont été ciblées sur la base d’un profilage ethnique et/ou politique. Il s’agit d’opposants, notamment des militants du CNL, d’ex-FAB ainsi que leurs proches, de jeunes Tutsi et de certains rapatriés depuis les pays voisins.

Malgré la revendication de certaines attaques par le groupe rebelle RED Tabara, des observateurs estiment que les groupes armés basés en RDC ne constituent pas de menace crédible pour le régime. Etant donné le caractère isolé et sporadique de ces incidents, la commission d’enquête onusienne affirme qu’il n’y a pas de conflit armé au Burundi, même si le risque d’une grave détérioration de la situation des droits de l’homme et d’éventuels crimes de masse reste présent.

De nombreuses sources locales et internationales font également état d’une répression plus discrète qui se traduit entre autres par de multiples disparitions forcées ainsi que par la découverte de nombreux cadavres souvent non identifiés. Ces sources soulignent que le pouvoir fait tout, en toute impunité, pour dissimuler la vérité, par exemple en muselant les médias et la société civile.

La commission d’enquête onusienne affirme que des crimes contre l’humanité continuent d’avoir lieu. Les auteurs principaux étaient surtout des agents du SNR et d’unités policières spécialisées et, dans une moindre mesure, des Imbonerakure et du personnel judiciaire.

HRW et AI indiquent que l’étendue des violations et le nombre de victimes sont difficiles à déterminer, surtout à l’intérieur du pays. Estimé à quelques centaines par an, le nombre précis des victimes recensées diverge selon les sources. Selon l’ACLED, les violences contre les civils constituaient plus de la moitié de tous les incidents documentés. La plupart des victimes recensées sont des civils.

Tandis qu’au début de la crise en 2015, les violences se situaient surtout dans la capitale, les sources consultées indiquent que depuis 2016, la plupart des violations ont lieu dans des zones rurales. Les incursions et affrontements armés en 2020 et 2021 se sont surtout produits dans les provinces frontalières avec la RDC et le Rwanda ainsi qu’autour de la forêt de la Kibira contiguë au Rwanda.

Près de 268.000 Burundais restent réfugiés dans les pays voisins. Le HCR est confronté à une pénurie grave de moyens entravant l’aide humanitaire et la protection des réfugiés dans les camps. Environ 175.000 réfugiés sont rentrés depuis fin 2017, la plupart depuis la Tanzanie, surtout en raison de la situation humanitaire et sécuritaire difficile dans les pays d’accueil. La commission d’enquête onusienne a constaté que l’hostilité à l’égard des rapatriés a diminué, mais la réintégration reste difficile et certains, perçus comme des opposants, ont été l’objet de nouvelles violations.

La crise politique et budgétaire a un effet dévastateur sur l’économie, l’enseignement, la santé publique et la situation alimentaire et humanitaire. La pandémie, minimisée par un gouvernement très sceptique à l’égard des vaccins, et les désastres naturels aggravent encore la situation. Avec 2,3 millions de personnes en besoin d’assistance, le Burundi est retombé dans l’urgence humanitaire, selon la commission d’enquête onusienne.

Politique de traitement

Depuis l’annonce de la candidature de l’ancien président Nkurunziza pour un troisième mandat le 25 avril 2015, et la tentative de coup d’Etat manqué du 13 mai 2015, la situation sécuritaire au Burundi s’est progressivement dégradée. Actuellement, le pays connaît une situation sécuritaire problématique et grave. Cette situation a donné lieu à de nombreux actes de violences, la plupart ciblés, émanant principalement de la part des autorités, des forces de l’ordre et des Imbonerakure, une milice liée au parti au pouvoir. Si les affrontements entre les forces de l’ordre et des groupes armés sont devenus très rares, de graves violations des droits de l’homme à l’égard d’opposants et d’activistes sont courantes et largement répandues, de même que la répression de toute forme de dissidence réelle ou imaginaire. En septembre 2017, une commission d’enquête onusienne fait état de crimes contre l’humanité. En octobre 2017, la Cour pénale internationale (CPI) a ouvert une enquête. L’élection en mai 2020 du nouveau président Evariste Ndayishimiye s’inscrit dans la continuité du régime et n’a pas modifié les rapports de force au Burundi. En septembre 2020, plus de 323.000 réfugiés burundais se trouvaient dans les pays voisins.

Land: 
Burundi