Situation sécuritaire

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Ce COI Focus dresse un état des lieux de la situation sécuritaire au Burundi. Il s’agit d’une mise à jour du COI Focus Situation sécuritaire du 31 janvier 2022 et reprend les principaux développements qui ont eu lieu entre le 1er janvier et le 30 septembre 2022.

Dès son arrivée au pouvoir en juin 2020, le président Ndayishimiye a tenté, avec un certain succès, de rétablir les relations avec les pays de la région, notamment le Rwanda, et la communauté internationale. Malgré les déclarations de Ndayishimiye de vouloir réformer la justice et de poursuivre les auteurs des violations des droits de l’homme, plusieurs observateurs constatent qu’il n’y a pas d’amélioration substantielle de la situation des droits de l’homme.

L’IDHB signale une militarisation croissante ainsi qu’une formalisation progressive du rôle des Imbonerakure dans les opérations de sécurité. Des organisations burundaises et internationales rappellent les violences électorales précédentes et avertissent contre une répression politique croissante au cours de l’année à venir.

Le nombre d’incidents violents et de victimes répertoriés par l’ACLED pendant les neuf premiers mois de 2022 est nettement inférieur à celui des années précédentes. En revanche, la ligue Iteka a recensé un nombre de victimes bien plus élevé qui est au niveau de celui des années précédentes.

En 2022, l’ACLED n’a relevé que de rares affrontements entre les forces burundaises et des groupes armés, notamment le mouvement rebelle rwandais FLN. ACLED n’a répertorié qu’un seul combat avec la RED Tabara, le groupe rebelle burundais principal, dont le soutien au Burundi et les capacités semblent avoir diminué. Le Cedoca n’a pas trouvé d’autres informations sur des affrontements entre l’armée et des groupes armés.

En août 2022, l’armée, soutenue par des Imbonerakure, est entrée officiellement en RDC où elle opérait clandestinement depuis des années. Cette guerre d’usure destinée à empêcher les rebelles de la RED Tabara à mener des opérations au Burundi a coûté la vie a des dizaines de soldats et occasionné plusieurs violations des droits de l’homme, selon des organisations locales et internationales.

Plusieurs sources rapportent que les violations recensées au cours des années précédentes par la Commission d’enquête indépendante des Nations unies perdurent : arrestations arbitraires, torture et disparitions forcées. Ces violations sont pour la plupart la responsabilité des forces de sécurité, du SNR et des Imbonerakure agissant généralement en toute impunité. Les victimes sont surtout des militants de l’opposition, notamment du CNL, ainsi que des personnes soupçonnées de collaboration avec des groupes armés. Selon l’IDHB, le gouvernement s’en est pris à toute personne perçue comme ne soutenant pas le CNDD-FDD.

La société civile continue de documenter des centaines de cadavres trouvés dans l’espace public, dont un grand nombre dans la province de Cibitoke. Ils montrent souvent des signes de violence et sont généralement enterrés sans enquête.

L’espace pour la société civile et les médias reste restreint. Les personnes perçues comme critiques du pouvoir continuent d’en subir les conséquences. De nombreux activistes et journalistes restent en exil.

Cibitoke est la province la plus touchée par la violence en 2022, avec plus de la moitié des victimes.

Le 31 août 2022, les pays voisins accueillaient environ 256.000 réfugiés burundais. Entre septembre 2017 et le 31 août 2022, plus de 202.000 réfugiés sont retournés au Burundi, quoique le mouvement de retour ait diminué en intensité en 2022. Certains réfugiés rapatriés ont repris le chemin de l’exil, malgré les mauvaises conditions de vie qui règnent dans les camps, en particulier en Tanzanie et en RDC. Le rapporteur spécial onusien signale des allégations de mauvais traitements des personnes rapatriées et demande un soutien plus important, nécessaire à une réintégration durable.

En septembre 2022, RFI et Iwacu indiquent que la situation économique ne cesse de s’aggraver : il y a des pénuries diverses, notamment de carburant, alors que les prix alimentaires explosent, l’inflation atteint un taux très élevé et la croissance économique est pratiquement inexistante.

Politique de traitement

Depuis l’annonce de la candidature de l’ancien président Nkurunziza pour un troisième mandat le 25 avril 2015, et la tentative de coup d’Etat manqué du 13 mai 2015, la situation sécuritaire au Burundi s’est progressivement dégradée. Actuellement, le pays connaît une situation sécuritaire problématique et grave. Cette situation a donné lieu à de nombreux actes de violences, la plupart ciblés, émanant principalement de la part des autorités, des forces de l’ordre et des Imbonerakure, une milice liée au parti au pouvoir. Si les affrontements entre les forces de l’ordre et des groupes armés sont devenus très rares, de graves violations des droits de l’homme à l’égard d’opposants et d’activistes sont courantes et largement répandues, de même que la répression de toute forme de dissidence réelle ou imaginaire. En septembre 2017, une commission d’enquête onusienne fait état de crimes contre l’humanité. En octobre 2017, la Cour pénale internationale (CPI) a ouvert une enquête. L’élection en mai 2020 du nouveau président Evariste Ndayishimiye s’inscrit dans la continuité du régime et n’a pas modifié les rapports de force au Burundi. En septembre 2020, plus de 323.000 réfugiés burundais se trouvaient dans les pays voisins.

Land: 
Burundi