Situation sécuritaire

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Ce COI Focus dresse un état des lieux de la situation sécuritaire au Burundi. Il s’agit d’une mise à jour du COI Focus Situation sécuritaire du 12 octobre 2022 et reprend les principaux développements qui ont eu lieu entre le 1er janvier 2022 et début mai 2023.

Le président Ndayishimiye a réussi à renouer les liens avec le Rwanda et de réaliser une certaine détente avec la communauté internationale. Cependant, au sein du parti au pouvoir, il existe de fortes tensions entre, d’une part, le président et, d’autre part, l’ancien premier ministre Bunyoni, arrêté en avril 2023, ou encore le secrétaire général du CNDD-FDD Ndikuriyo. En outre, plusieurs observateurs constatent qu’il n’y a pas d’amélioration substantielle de la situation des droits de l’homme et que les violations recensées pendant les années précédentes perdurent. Celles-ci sont pour la plupart la responsabilité des forces de sécurité, du SNR et des Imbonerakure. S’il y a eu des arrestations d’agents étatiques et d’Imbonerakure accusés de crimes de droit commun, ceux-ci agissent généralement en impunité lorsqu’il s’agit de crimes politiques. Les victimes sont alors surtout des militants du parti d’opposition CNL ainsi que des personnes soupçonnées de collaboration avec des groupes armés. D’autres opposants et des personnes qui refusent d’adhérer au parti au pouvoir ont aussi été ciblés.

En même temps, l’IDHB reconnaît qu’au cours de l’année 2022, les violations des droits de l’homme perpétrées par des agents étatiques ont diminué. Cette organisation fait état d’un calme « superficiel », d’un « répit temporaire ». Le nombre d’incidents violents, de victimes et de victimes civiles répertoriés par l’ACLED en 2022 et pendant les premiers mois de 2023 est nettement inférieur à celui des années précédentes. En revanche, la ligue Iteka et l’APRODH avancent un nombre de victimes bien plus élevé pour 2022 qui reste plus ou moins au niveau de celui des années précédentes.

L’IDHB signale une militarisation croissante ainsi qu’une formalisation progressive du rôle des Imbonerakure dans les opérations de sécurité, mais remarque également que leur conduite dépend du contexte local. En 2022, dans un grand nombre de provinces, ils ont fait preuve de plus de retenue.

En 2022, l’ACLED a relevé plusieurs affrontements parfois meurtriers entre les forces burundaises et des groupes armés rwandophones, notamment le FLN, dans et aux alentours de la forêt de Kibira. A l’est de la RDC, l’armée, soutenue par des Imbonerakure, a continué ses opérations militaires contre les rebelles burundais de la RED Tabara et des FNL. Ces affrontements ont fait des victimes des deux côtés et occasionné plusieurs violations des droits de l’homme, selon plusieurs sources, mais l’armée burundaise semble avoir réussi à empêcher ces groupes armés de mener des opérations au Burundi.

La société civile continue de documenter la découverte de centaines de cadavres trouvés dans l’espace public, dont un grand nombre dans la province de Cibitoke. Souvent, les corps montrent des signes de violence et sont enterrés sans enquête. Cibitoke est la province la plus touchée par la violence en 2022 avec plus de la moitié des victimes (dont une grande partie de membres de groupes armés installés dans la Kibira).

L’espace pour la société civile et les médias reste restreint. De nouveaux cas d’harcèlements, d’arrestations et de condamnations de défenseurs des droits de l’homme et de journalistes ont eu lieu pendant le premier trimestre de 2023. De nombreux activistes et journalistes restent en exil.

Fin mars 2023, les pays voisins accueillaient environ 330.000 réfugiés et demandeurs d’asile burundais. Alors que 209.000 réfugiés sont retournés au Burundi depuis 2017, le mouvement de retour a diminué en intensité en 2022. Le nombre de personnes partant vers les pays voisins a dépassé le nombre de rapatriés dans les premiers mois de 2023. Le retour dans des communautés souvent démunies et vulnérables, l’accès difficile aux moyens de subsistance et aux services de base et, dans quelques cas, des problèmes de sécurité affectent à court et à long terme la réintégration ou peuvent provoquer un déplacement secondaire. Certains réfugiés rapatriés ont repris le chemin de l’exil, malgré les mauvaises conditions de vie et l’insécurité qui règnent dans les camps situés dans les pays voisins.

Plusieurs sources indiquent que la situation économique ne cesse de s’aggraver : il y a des pénuries diverses, notamment de carburant, alors que les prix alimentaires augmentent, l’inflation atteint un taux très élevé et la croissance économique est pratiquement inexistante. Les conséquences du déclin économique sur la situation humanitaire sont désastreuses, selon l’OCHA.

Politique de traitement

La politique définie par le commissaire général se fonde sur une analyse approfondie d’informations récentes et détaillées sur la situation générale dans le pays. Ces informations ont été recueillies de manière professionnelle auprès de diverses sources objectives, dont l’Agence de l’Union européenne pour l’asile (EUAA), le Haut-Commissariat aux réfugiés des Nations unies (HCR), des organisations internationales de défense des droits de l’homme, des organisations non gouvernementales, ainsi que la littérature spécialisée et les médias. Pour définir sa politique, le commissaire général ne se fonde donc pas exclusivement sur les COI Focus publiés sur le site du CGRA, qui ne traitent que de certains aspects particuliers de la situation du pays. Le fait qu’un COI Focus date d’un certain temps déjà ne signifie donc pas que la politique menée par le commissaire général ne soit plus d’actualité.

Pour examiner une demande d’asile, le commissaire général tient non seulement compte de la situation objective dans le pays d’origine à la date de la décision mais également de la situation individuelle et des circonstances personnelles du demandeur. Chaque demande d’asile est examinée au cas par cas. Le demandeur d’asile doit montrer de manière suffisamment concrète qu’il éprouve une crainte fondée de persécution ou court un risque réel d’atteintes graves. Il ne peut donc se contenter de renvoyer à la situation générale dans son pays mais doit également présenter des faits concrets et crédibles le concernant personnellement.

Pour ce pays, il n’y a pas une note de politique de traitement disponible sur le site Internet du CGRA.

Land: 
Burundi