La présente recherche s’intéresse à la situation spécifique des homosexuels en Côte d’Ivoire et se limite à l’orientation sexuelle. Le terme « homosexuel » désigne tant les hommes que les femmes mais lorsqu’il s’agira d’insister sur la dimension spécifique de l’expérience des uns ou des autres, le Cedoca utilisera alors les termes « gay » et « lesbienne ». Par ailleurs, d’autres termes éventuellement utilisés par les sources consultées dans le cadre de cette recherche pourront être cités dans le présent document.
Ce rapport est une mise à jour du précédent rapport étudiant l’homosexualité en Côte d’Ivoire, publié le 2 mars 2016. La recherche couvre la période du 3 mars 2016 au 18 novembre 2021.
La Côte d’Ivoire est un des rares pays de la région ouest-africaine qui ne pénalise pas les actes homosexuels. Toutefois, l’orientation sexuelle et l’identité de genre ne bénéficient d’aucune disposition légales visant la défense de ces droits.
Les rapports annuels d’organisations telles qu’Amnesty International, Freedom House ou le département d’Etat américain de ces deux dernières années ne mentionnent pas de cas de poursuites et/ou de condamnations à l’encontre des homosexuels.
Plusieurs interlocuteurs – chercheurs et activistes dans le domaine des droits des homosexuels – constatent que le comportement des forces de sécurité envers les homosexuels s’améliore, même si cette tendance ne peut être généralisée. Une victime de violence homophobe ne se dirigera pas spontanément vers une institution publique pour y déposer une plainte ou obtenir réparation. Les sources consultées par le Cedoca soulignent que très peu de suivi est accordé à ces rares plaintes introduites.
Selon les sources consultées par le Cedoca, la Côte d’Ivoire n’est pas épargnée par des actes homophobes privés et isolés mais, si on la compare avec ses voisins ouest-africains, ce pays, et plus particulièrement sa capitale économique, se démarque par sa tolérance sociale par rapport à la communauté homosexuelle.
Depuis février 2014, les endroits fréquentés par la communauté homosexuelle n’ont plus été spécifiquement visés par les forces de l’ordre ou par d’autres individus.
De nombreuses associations existent et coordonnent de plus en plus leurs activités, principalement à Abidjan, même si une décentralisation de ces activités touche quelques autres localités. Le milieu se retrouve régulièrement dans certains bars gayfriendly ou dans des soirées organisées spécialement pour cette communauté.
Si un individu ne répond pas aux critères dominants de son genre qui lui sont imposés par la société (par exemple si un homme est efféminé), il éprouvera des difficultés supplémentaires et risque d’être ciblé par son entourage familial – cercle social primordial dans la société ivoirienne – ou par le voisinage.
Du point de vue socio-économique, de nombreux homosexuels se retrouvent en difficulté, notamment lorsqu’il s’agit de trouver un logement ou un emploi décent. De nombreuses sources affirment que la prise en charge médicale des homosexuels vivant avec le VIH/Sida peut être assurée, au-delà des difficultés générales inhérentes au système de santé ivoirien.
L’homosexualité s’est retrouvée au-devant de la scène médiatique lors du débat sur le « mariage pour tous » en France. Depuis lors, la presse à sensations traite parfois de ce sujet mais sans incitation homophobe. Ce sujet n’alimente pas de débat politique, si ce n’est lors de rumeurs relatives à la légalisation du mariage homosexuel. La plupart des leaders religieux s’opposent à l’homosexualité, sans inciter à la haine.
Politique de traitement
La politique définie par le commissaire général se fonde sur une analyse approfondie d’informations récentes et détaillées sur la situation générale dans le pays. Ces informations ont été recueillies de manière professionnelle auprès de diverses sources objectives, dont le Bureau européen d’appui en matière d’asile, le Haut-Commissariat aux réfugiés des Nations unies, des organisations internationales de défense des droits de l’homme, des organisations non gouvernementales, ainsi que la littérature spécialisée et les médias. Pour définir sa politique, le commissaire général ne se fonde donc pas exclusivement sur les COI Focus publiés sur le site du CGRA, qui ne traitent que de certains aspects particuliers de la situation du pays. Le fait qu’un COI Focus date d’un certain temps déjà ne signifie donc pas que la politique menée par le commissaire général ne soit plus d’actualité.
Pour examiner une demande d’asile, le commissaire général tient non seulement compte de la situation objective dans le pays d’origine à la date de la décision mais également de la situation individuelle et des circonstances personnelles du demandeur. Chaque demande d’asile est examinée au cas par cas. Le demandeur d’asile doit montrer de manière suffisamment concrète qu’il éprouve une crainte fondée de persécution ou court un risque réel d’atteintes graves. Il ne peut donc se contenter de renvoyer à la situation générale dans son pays mais doit également présenter des faits concrets et crédibles le concernant personnellement.
Pour ce pays, il n’y a pas une note de politique de traitement disponible sur le site Internet du CGRA.