Situation sécuritaire

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Ce COI Focus dresse un état des lieux de la situation sécuritaire au Burundi et des suites de la crise politique déclenchée en avril 2015 autour du troisième mandat du président Pierre Nkurunziza. Ce document, qui est une mise à jour du COI Focus du 3 juillet 2018, porte en particulier sur les développements qui ont eu lieu entre juillet 2018 et le 16 avril 2019.

Alors que, selon ICG, la violence antigouvernementale a pris un caractère insurrectionnel à la mi-2015, depuis 2016, différentes sources notent une baisse manifeste de la violence ainsi que l’absence d’affrontements armés. La commission d’enquête onusienne affirme qu’il n’y a pas de conflit armé. Par ailleurs, la communauté internationale et la société civile font état d’une répression plus discrète mais systématique ciblant toute forme de dissidence. Ils dénoncent la détérioration de la situation des droits de l’homme avec des exécutions extrajudiciaires, des disparitions forcées, des tortures, des violences sexuelles, des arrestations et détentions arbitraires, commises en toute impunité.

La commission d’enquête des Nations unies affirme que des crimes contre l’humanité ont eu lieu et continuent d’avoir lieu. Elle désigne comme auteurs principaux de hauts responsables de l’État, des agents du SNR et de la police ainsi que des autorités administratives locales. Les Imbonerakure, responsables de la majorité des violations, assument un rôle de plus en plus important dans la répression et l’embrigadement de la population, ciblant en particulier des civils. Ces violations s’inscrivent dans le cadre d’une attaque généralisée et systématique contre une population en grande majorité civile en vue de réprimer toute voix discordante, selon la commission. En octobre 2017, la CPI ouvre une enquête sur ces crimes.

HRW et AI indiquent que le nombre de victimes est difficile à déterminer et que plusieurs incidents et abus ne sont pas rapportés, surtout à l’intérieur du pays. Après une baisse importante de la violence de 2015 à 2016, le nombre de victimes recensées par la ligue Iteka et l’APRODH, entre 450 et 500 annuellement, reste constant depuis 2017. En revanche, ACLED note une baisse des incidents et des victimes, tout en soulignant le caractère continu de la violence politique.

Tandis que, selon ACLED, les incidents se situaient en 2015 surtout dans les quartiers contestataires de la capitale, cette source indique, tout comme les Nations unies, que depuis 2016 la violence s’est propagée à l’intérieur du pays.

Des groupes rebelles formés début 2016 ne parviennent pas à constituer une menace crédible pour le régime, n’ayant pas revendiqué d’attaque sur le sol burundais en 2017 et 2018.

Les violations des droits de l’homme affectent principalement les opposants politiques ainsi que « toute forme de dissidence […] réelle ou imaginaire », d’après HRW. Selon la commission d’enquête onusienne, des activistes, des journalistes et leurs proches font également l’objet de graves abus, ainsi que certains Burundais qui ont séjourné dans des pays voisins et sont rentrés au pays. En outre, la commission d’enquête des Nations unies indique que des personnes sans affiliation politique ont été visées pour avoir refusé de cotiser ou d’adhérer au CNDD-FDD.

Alors que l’origine ethnique d’une personne peut constituer un facteur aggravant, la commission d’enquête onusienne précise que des Tutsi victimes d’abus n’ont pas été ciblés en premier lieu à cause de leur ethnie mais plutôt pour leur opposition présumée au pouvoir.

Près de 350.000 Burundais restent réfugiés dans les pays voisins. Le HCR est confronté à une pénurie grave de moyens entravant l’aide humanitaire et la protection des réfugiés dans des camps surpeuplés. Environ 60.000 réfugiés sont retournés de la Tanzanie depuis fin 2017, surtout en raison de la situation humanitaire et sécuritaire difficile dans le pays d’accueil.

Les efforts de médiation de la communauté internationale ont échoué. Plusieurs pays, dont la Belgique, ont suspendu la coopération. La crise politique et budgétaire a un effet dévastateur sur la liberté de mouvement, sur l’économie et sur des secteurs publics tels que l’enseignement et la santé publique, selon plusieurs sources. Avec 1,8 millions de personnes qui ont besoin d’assistance, le Burundi est retombé dans l’urgence humanitaire, selon la commission d’enquête onusienne.

Politique de traitement

Depuis l’annonce de la candidature du président Nkurunziza pour un troisième mandat le 25 avril 2015, et la tentative de coup d’Etat manqué du 13 mai 2015, la situation sécuritaire au Burundi s’est progressivement dégradée. Actuellement, le pays connaît une situation sécuritaire problématique et grave. Cette situation a donné lieu à de nombreux actes de violences, la plupart ciblés, émanant principalement de la part des autorités, mais qui peuvent également être perpétrés par des opposants au pouvoir. Si les affrontements entre les forces de l’ordre et des groupes armés sont devenus rares, de graves violations des droits de l’homme à l’égard d’opposants et d’activistes sont courantes et largement répandues, de même que la répression de toute forme de dissidence réelle ou imaginaire. Depuis le début de la crise, plus de 400.000 Burundais ont fui vers les pays voisins.

Land: 
Burundi