Situation sécuritaire

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Le présent rapport dresse un état des lieux de la situation sécuritaire au Mali. Il porte sur la période allant du 1-er janvier au 30 octobre 2023. Ce document met à jour deux COI Focus Situation sécuritaire : le premier est un document datant du 14 décembre 2022 et le deuxième est une mise à jour partielle, du 4 mai 2023. Les recherches pour cette actualisation ont été clôturées le 18 décembre 2023.

La situation sécuritaire dans la région du Sahel central s'est détériorée au cours de l’année 2023, les pays sahéliens connaissant une escalade de la violence exacerbée par les rivalités entre les deux principaux groupes djihadistes opérant au Mali, au Niger et au Burkina Faso : le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans GSIM et l'Etat islamique dans le Grand Sahara (EIGS).

La sécurité au Mali dans son ensemble a continué à se dégrader en 2023. Il s’agit notamment d’une détérioration de la situation sécuritaire dans le nord du Mali, qui continue de s’étendre aux régions centrales et du sud du pays avec des conséquences désastreuses pour les populations civiles.

Le pays a dû faire face à une intensification des violences perpétrées par les groupes djihadistes, résultant du vide sécuritaire créé par le retrait de milliers de forces françaises et européennes en 2022, auquel s'ajoute actuellement le retrait de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA).

Au cours des six premiers mois de 2023, la violence islamiste a touché 18 % de territoire supplémentaire par rapport à la même période en 2022. Selon plusieurs experts du conflit sahélien, une grande partie du territoire malien est actuellement sous le contrôle effectif des groupes islamistes. En moins d'un an, l’EIGS a augmenté de façon significative la superficie des zones qu’il contrôle au Mali. De son côté, le GSIM, lié à al-Qaïda, vise à devenir le principal garant de la sécurité des populations rurales face à l'État islamique, surtout dans le centre du pays, où il contrôle également des territoires étendus. Le même groupe revendique des attaques contre les Forces armées maliennes (FAMA) et les mercenaires du Wagner et s’oppose également à la branche sahélienne de l'État islamique, contre laquelle il s’affronte pour le contrôle de certains territoires.

Après le départ de la MINUSMA, des affrontements ont également éclaté entre les FAMA soutenues par le groupe russe Wagner et d'anciens séparatistes du Nord, entraînant des centaines de victimes des deux côtés. Les affrontements se sont multipliés, notamment en août et septembre 2023, avec l'occupation d'anciennes bases de la MINUSMA dans le nord du pays jusqu'en octobre 2023. Cette escalade a conduit à environ 400 décès, dont près de la moitié étaient des civils.

Les populations civiles demeurent les principales victimes des diverses formes de violences résultant des conflits au Mali. Depuis le début de l’année, on observe une augmentation de 38 % des actes de violence ciblant les civils. Les principaux responsables de ces violences sont, par ordre d'importance, le GSIM  dans 33 % des incidents, les FAMA et/ou le groupe Wagner dans 29 % des cas, et l’EIGS dans 15 % des évènements.

Entre 2022 et fin septembre de 2023, les attaques et les affrontements armés ont été les formes de violence les plus fréquentes au Mali, suivis des enlèvements et de l'utilisation fréquente d'engins explosifs improvisés (EEI) par des groupes extrémistes le long des routes principales, surtout dans la région centrale du pays.

La détérioration de la sécurité s'est accompagnée d'une dégradation des droits humains : entre avril et juillet 2023, plus de 4.000 violations des droits humains ont été signalées, marquant une augmentation de 500 violations par rapport à 2022 sur la même période.

Entre janvier 2017 et octobre 2023, les régions les plus affectées par la violence djihadiste au Mali sont principalement situées dans le Centre et le Nord, notamment Mopti, Gao, Menaka, Ségou, Tombouctou et Koulikoro, suivies par Kidal, Sikasso et Kayes.

Dans les régions du nord, 1.070 personnes ont été tuées durant les neuf premiers mois de 2023 selon l’organisation Armed Conflict Location & Event Data Project (ACLED), tandis que dans le Centre, le nombre de victimes s’élève à plus de 1.700. Le Sud reste moins touché par les violences en comparaison avec le centre et le nord du pays. L’ACLED a décompté dans ces régions 111 évènements violents faisant 197 morts durant les trois premiers trimestres de 2023.

Dans un contexte d'insécurité croissante, à la fin septembre 2023, le Mali comptait plus de 390.000 personnes déplacées internes (PDI) tandis que les besoins humanitaires des Maliens, surtout dans les régions centrales et septentrionales, ont atteint des niveaux qualifiés de « record » par le Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations unies (OCHA). À la même période, plus de 1.500 écoles étaient fermées en raison de l'insécurité, affectant environ 500.000 enfants et 9.000 enseignants. Parallèlement, des incidents touchant les centres de santé et des humanitaires continuent à être signalés au Mali. Cette dégradation de la situation sécuritaire a fortement restreint la liberté de mouvement, impactant aussi bien les civils que les acteurs humanitaires.

Politique de traitement

La politique définie par le commissaire général se fonde sur une analyse approfondie d’informations récentes et détaillées sur la situation générale dans le pays. Ces informations ont été recueillies de manière professionnelle auprès de diverses sources objectives, dont l’Agence de l’Union européenne pour l’asile (AUEA), le Haut-Commissariat aux réfugiés des Nations unies (HCR), des organisations internationales de défense des droits de l’homme, des organisations non gouvernementales, ainsi que la littérature spécialisée et les médias. Pour définir sa politique, le commissaire général ne se fonde donc pas exclusivement sur les COI Focus publiés sur le site du CGRA, qui ne traitent que de certains aspects particuliers de la situation du pays. Le fait qu’un COI Focus date d’un certain temps déjà ne signifie donc pas que la politique menée par le commissaire général ne soit plus d’actualité.

Pour examiner une demande d’asile, le commissaire général tient non seulement compte de la situation objective dans le pays d’origine à la date de la décision mais également de la situation individuelle et des circonstances personnelles du demandeur. Chaque demande d’asile est examinée au cas par cas. Le demandeur d’asile doit montrer de manière suffisamment concrète qu’il éprouve une crainte fondée de persécution ou court un risque réel d’atteintes graves. Il ne peut donc se contenter de renvoyer à la situation générale dans son pays mais doit également présenter des faits concrets et crédibles le concernant personnellement.

Pour ce pays, il n’y a pas une note de politique de traitement disponible sur le site Internet du CGRA.

Land: 
Mali